En 2018, Louis Arlette publiait son premier album Sourire Carnivore et, déjà, tout y était : une électricité libératrice et de l’électronique tapageuse, des chansons sensibles et grandioses, de régulières visites aux plus hautes lumières. Sourire Carnivore était le résultat d’une collision parfaite entre toutes les multiples influences de Louis : Brel ou Ferré, Depeche Mode, Radiohead, Daniel Darc, The Cure, Étienne Daho, la chanson et le rock, The Beatles et l’expérimentation sonique de Nine Inch Nails.
Mais Louis Arlette n’est pas du genre à s’arrêter là : il préfère le cheminement à la destination, l’excitation de la recherche permanente à la finitude de la découverte.
Sourire Carnivore n’a finalement constitué pour lui qu’un rite initiatique, le point de départ d’une grande épopée pop et intime : bien plus personnelle à tous les niveaux, sa suite Des ruines et des Poèmes le porte déjà vers de nouvelles aventures. « Avoir fait mon premier album m’a permis, pour le second, de creuser plus profondément, de progresser. Je ne partais pas du même point de départ : c’est un trajet, un chemin, on ne peut pas directement arriver à destination. Il faut percer les couches, une à une. »
« Il ne restera de mon règne, rien que des Ruines et des Poèmes », chante-t-il sur la profonde et bouleversante chanson du même titre. “Des Ruines et des Poèmes est plus minimal, minimaliste même, il y a plus d’air, plus d’espace. Sur le premier album, j’ai montré ces choses que j’avais apprises, sur celui-ci je montre des choses que j’ai trouvées. Il est donc plus personnel. Des Ruines et des Poèmes m’appartient pleinement, avec une sérénité et une force nouvelles.”
À l’image de la reprise exaltante de Je suis un soir d’été de Brel, Des Ruines et des Poèmes ne baisse jamais d’intensité. Enregistré au Studio Ferber avec l’aide de Philippe Paradis (Christophe, Thiéfaine, Zazie…), ce deuxième album en forme de seconde naissance irradie de puissance et de rage, déborde de beautés héroïques, de morsures magnifiques, de tumultueuses amertumes.
« On vit dans une ambiance de Rome d’avant le déclin, de Babylone d’avant la chute : une ambiance de fin de civilisation. » Des ruines, mais des poèmes : Louis Arlette a peut-être, avec son deuxième album, écrit la bande-son idéale, et finalement très jouissive, des fracas chaotiques d’aujourd’hui.