Antoine Sfeir nous a quittés RIP

Antoine Sfeir

Antoine Sfeir, né le  à Beyrouth et mort le  à Paris, est un journaliste et politologuefrancolibanais, auteur de nombreux ouvrages sur des sujets liés au Moyen-Orient et au monde musulman.

Fondateur des Cahiers de l’Orient, il a présidé le Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient (Cerpo) et l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI), et enseigné les relations internationales au CELSA.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Antoine Sfeir naît le 25 novembre 1948 à Beyrouth (Liban)1, au sein d’une famille de chrétiens maronites.

Il effectue ses études chez les Jésuites, et entame des études en médecine.

Carrière[modifier | modifier le code]

En parallèle de ses études, il envoie des écrits au journal L’Orient-Le jour. Séduit par la qualité de ses écrits, le journal lui confie une rubrique hebdomadaire « Le Jour des jeunes », puis l’embauche. Il devient définitivement journaliste et est coresponsable du service étranger du quotidien francophone libanais. Il réoriente ses études vers le droit et les sciences politiques. Toujours pour son journal L’Orient-Le Jour, il couvre l’actualité au Moyen-Orient, notamment la guerre civile qui survint dans son pays.

Le , il est enlevé par des miliciens du Front populaire de libération de la Palestine. Il est séquestré pendant sept jours, pendant lesquels il est torturé (baïonnette dans le dos, coups de crosse sur les doigts et dans la mâchoire, ongles arrachés). « Cet événement a renforcé chez moi le refus de l’émotion dans le métier. J’ai appris aussi une chose après ça, c’est que j’avais envie de transmettre, et cela ne s’est jamais arrêté. J’étais déterminé et j’ai eu la chance de retravailler très vite dans le journalisme. Un métier dont on ne se lasse pas et où on apprend tous les jours. On est à la fois étudiant et transmetteur… »2

Cet épisode lui laisse notamment des séquelles3 physiques. Cet événement le pousse à quitter le Liban et à se réfugier en France où il arrive le . Il travaille alors pour le journal La Croix, puis devient peu à peu expert des pays arabes et du monde musulman qu’il décode pour d’autres médias (PèlerinLe PointQuotidien de ParisL’Événement du jeudi, ainsi que les revues ÉtudesEspritAfrique et Asie Moderne et Politique internationale.). En 1977, il participe à la fondation du journal J’informe. En 1985, il fonde les Cahiers de l’Orient, revue de réflexion sur le monde arabo-musulman, tirées à 4 200 exemplaires chaque trimestre. Cette revue se veut une fenêtre ouverte sur la Méditerranée et repose sur une charte rédactionnelle fondée sur la francophonie.

Il est consultant de diverses émissions radio (Europe 1BFM Business) ou télévisées (France 24iTéléBFM TV) sur les thèmes de l’islam et du monde arabe. Il est régulièrement l’invité d’Yves Calvi dans l’émission C dans l’air4.

Il apparaît furtivement dans le film Secret Défense.

En 2005, sur demande conjointe du président de la République, Jacques Chirac, et du Premier ministre, Dominique de Villepin, il lance avec Jean-Michel Quillardet, ancien grand maître du Grand Orient de France, l’Observatoire de la laïcité, qui se définit comme « un groupe d’étude et de prospective afin de renforcer le principe de laïcité comme constitutif de la République et de la démocratie »5.

En septembre 2014, il devient président de l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI)6 ; il a notamment pour prédécesseurs René CassinEdgar Faure ou encore Raymond Barre.

Antoine Sfeir gagne en 2003 un procès en diffamation intenté par Tariq Ramadan, à la suite de la publication d’un entretien accordé en janvier 2002 à Lyon Mag dans lequel le journaliste avait qualifié Ramadan de « fondamentaliste charmeur spécialiste du double langage »7,8.

Critiqué pour avoir fait « l’apologie du régime tunisien » de Ben Ali dans plusieurs de ses écrits9,10, notamment Tunisie, terre de paradoxes (livre duquel l’ambassade tunisienne aurait acheté 2000 exemplaires aux éditions de l’Archipel)11, Sfeir reconnaît la corruption du régime tunisien fin 2009 dans un éditorial des Cahiers de l’Orient12, mais considère toujours « le peuple tunisien comme un exemple pour toute la région » au niveau de l’éducation, de la modernisation et de l’intégration régionale, ainsi que pour la lutte contre l’intégrisme religieux » 13.

Antoine Sfeir est franc-maçon, membre de la Grande Loge de France14.

Souffrant d’un cancer, il s’éloigne du monde médiatique, mais continue à donner des conférences. Il meurt dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2018, à l’âge de 69 ans15.

Famille[modifier | modifier le code]

Antoine Sfeir est père de plusieurs filles16, dont une, Marie-Josée, qui a pris la relève dans la direction de la revue trimestrielle Les Cahiers de l’Orient qu’Antoine Sfeir avait fondé. Il est également le parrain du député socialiste Boris Vallaud5.

Décorations[modifier | modifier le code]

Antoine Sfeir est officier de l’ordre de la Légion d’honneur17 et de l’ordre national du mérite.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Antoine Sfeir, L’Argent des ArabesHermé
  • Antoine Sfeir, L’Atlas des religionsPerrin, 1993, réédition 1999
  • Antoine Sfeir, Les réseaux d’AllahPlon, 1997, réédition 2011
  • Antoine Sfeir, Dictionnaire mondial de l’islamisme, Plon, 
  • Antoine Sfeir, René AndrauLiberté, égalité, islam : la république face au communautarismeTallandier
  • Antoine Sfeir, Yves Montenay, La langue française face à la mondialisationLes Belles Lettres
  • Antoine Sfeir, L’islam en 50 clésBayard
  • Antoine Sfeir, Vers l’Orient compliquéGrasset
  • Antoine Sfeir, Tunisie, Terre de paradoxesL’Archipel
  • Antoine Sfeir et Nicole BacharanAméricains-arabes : L’affrontementLe Seuil
  • Antoine Sfeir, Brève histoire de l’islam à l’usage de tous, Bayard, 
  • Antoine Sfeir, Les islamismes d’hier à aujourd’huiLignes de repères
  • Antoine Sfeir, Al-Qaïda menace la FranceLe Cherche midi
  • Antoine Sfeir et Théo KleinIsraël survivra-t-il ?, L’Archipel, 
  • Antoine Sfeir, Vers l’Orient compliquéGrasset; éd. poche : Paris, Le Livre de poche
  • Antoine Sfeir et Ghaleb BencheikhLettre ouverte aux islamistes, Bayard, 
  • Antoine Sfeir et Collectif, Chrétiens d’Orient : Et s’ils disparaissaient ?, Bayard, 
  • Antoine Sfeir et Collectif, Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, Bayard, 
  • Antoine Sfeir et Christian ChesnotOrient-Occident : Le choc?Calmann-Lévy (ISBN 978-2-7021-3970-7)
  • Antoine Sfeir, Brève histoire de l’islam à l’usage de tous, Bayard, 
  • Antoine Sfeir et Collectif, Dictionnaire du Moyen-Orient, Bayard, 
  • Antoine Sfeir, L’islam contre l’islam, l’interminable guerre des chiites et des sunnites, Grasset, (ISBN 9782246764014)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  « Antoine Sfeir » [archive], sur Les Cahiers de l’Orient (consulté le 1er octobre 2018)
  2.  Karine Casalta, « Antoine Sfeir, Citoyen de Méditerranée » [archive], sur parolesdecorse.fr (consulté le 1er octobre 2018)
  3.  École supérieure de journalisme (ESJ) L’invité : Antoine Sfeir raconte la torture [archive].
  4.  Émission C dans l’air [archive] sur France 5
  5. ↑ a et b Georges Malbrunot, « Le politologue Antoine Sfeir, «passeur entre Orient et Occident», est mort », Le Figaro,‎  (lire en ligne [archive])
  6.  « Nouveau président pour l’ILERI », Le Figaro Etudiant,‎  (lire en ligne [archive])
  7.  L’accusé est relaxé par le tribunal correctionnel de Lyon dans son verdict du 19 décembre 2002, confirmé par l’arrêt de la Cour d’appel de Lyon le 22 mai 2003, estimant que le directeur des Cahiers de l’Orient exprimait « une opinion critique qui, formulée dans un contexte marqué par de graves attentats terroristes, n’apparaît pas disproportionnée eu égard au but d’information poursuivi ». Et sur le comportement du prédicateur suisse, l’arrêt a jugé que « Tariq Ramadan peut porter une responsabilité, peut-être morale, en faisant naître dans certains esprits une vocation terroriste ou en en confortant d’autres dans leur résolution à suivre une telle ligne de conduite ».
  8.  « Tariq Ramadan perd son procès en diffamation contre Antoine Sfeir » [archive], sur atheisme.org (consulté le 9 mars 2017)
  9.  [1] [archive]Antoine Sfeir, propagandiste intéressé du régime tunisien [archive], Blog d’Alain Gresh “Nouvelles d’Orient”, les blogs du Diplo, 23 octobre 2009.
  10.  « Le Sfeir à repasser de Ben Ali »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le 2 août 2017), Laurent Macabies, Bakchich info, 22 janvier 2011.
  11.  Le système de propagande sous Ben Ali, enquête réalisée et publiée à la demande du président Moncef Marzouki, p. 135, voir Le Monde du 5 décembre 2013 [archive] ; Sur la critique et la controverse liées à ce Livre noir : voir France 24 [archive] du 13 décembre 2013.
  12.  [2] [archive], sur cairn.info, 2010
  13.  « La Tunisie, rempart contre la déferlante intégriste dans la région » [archive], Antoine Sfeir, Le Figaro, 26 octobre 2009, l. 39 et 43.
  14.  « Notre frère Antoine Sfeir a rejoint l’Orient Éternel » [archive], sur jlturbet.net1er octobre 2018
  15.  « Antoine Sfeir, spécialiste du monde arabe, est décédé » [archive], sur leparisien.fr1er octobre 2018
  16.  « Le journaliste et politologue spécialiste du Moyen-Orient Antoine Sfeir est mort » [archive], sur Europe 1 .fr
  17.  Légion d’honneur : promotion du 14 juillet (II) [archive], [archive] Le Figaro, 15 juillet 2009.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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