CENTRE D’HISTOIRE DE LA RESISTANCE ET DE LA DEPORTATION

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ceux de Londres en 1948, l’exposition « Le sport européen à l’épreuve du nazisme » vient témoigner de la façon dont le sport et l’instrumentalisation de l’image du corps furent utilisés par les régimes totalitaires pour diffuser et asseoir leur propagande.
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LE SPORT EUROPÉEN À L’ÉPREUVE DU NAZISME

DES J.O. DE BERLIN AUX J.O. DE LONDRES (1936-1948)

EXPOSITION PRÉSENTÉE PAR LE CHRD,
CONÇUE ET RÉALISÉE PAR LE MÉMORIAL DE LA SHOAH

JUSQU’AU 29 JANVIER 2017

CENTRE D’HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION

LYON, FRANCE

Athlète au disque. Photographie de Liselotte Grschebina, 1937.

Entre les JO de Berlin de 1936 et ceux de Londres en 1948, l’exposition « Le sport européen à l’épreuve du nazisme » vient témoigner de la façon dont le sport et l’instrumentalisation de l’image du corps furent utilisés par les régimes totalitaires pour diffuser et asseoir leur propagande.

Contrôler et enrôler la jeunesse, susciter l’adhésion des masses, justifier de fondements idéologiques racistes et xénophobes, infliger des supplices particuliers aux champions juifs déportés, tels furent les buts de l’utilisation du sport et des sportifs durant les plus sombres heures du XXe siècle européen.

En 2011, le Mémorial de la Shoah s’emparait de cette thématique par le biais d’une exposition itinérante, révélant de nombreux documents et une iconographie inédite. Attentif à la valorisation des avancées de la recherche historique dans sa période de prédilection, le CHRD présente une version axée sur ces nouvelles recherches avec un focus sur l’histoire de Lyon et le parcours d’une vingtaine de sportifs.

Cadre historique

Les JO Berlin, organisés en 1936 par le IIIe Reich, devait ouvrir une nouvelle ère dans l’histoire du sport en tant qu’outil privilégié de propagande. Combinant une histoire des relations sportives internationales, une histoire du mouvement sportif ouvrier européen et une histoire des politiques sportives d’exclusion dans les années 30, l’exposition intègre la tentative d’élaboration par les pays de l’Axe d’une « Europe nouvelle du sport » qui devait déboucher sur la destruction du mouvement sportif juif et la déportation de ses meilleurs athlètes. Cependant, en suivant un fil chronologique allant de Berlin à Londres, l’exposition évite d’établir une histoire téléologique qui établirait un lien de cause à effet entre les Jeux de Berlin et la Shoah. Les champions et championnes juifs de l’entre-deux-guerres furent exterminés, non pas en tant que sportifs, mais bien en tant que juifs. Néanmoins, certains athlètes juifs furent particulièrement martyrisés parce qu’ils étaient des sportifs d’exception dont la carrière venait contrevenir aux théories raciales du Reich.

Pour ce qui est de la France, à partir de 1940 et de l’établissement du régime de Vichy, l’exposition aborde la question de l’attitude du monde sportif face aux politiques d’exclusion et à l’application des lois antijuives jusque dans les stades, les gymnases et les piscines.

En contrepoint de cette instrumentalisation idéologique du sport, l’exposition met également en lumière le rôle que celui-ci a pu jouer pour des minorités opprimées, pour des résistants, et même pour certains prisonniers des camps, faisant office de refuge, voire de « réarmement » moral et corporel.

Les Jeux de Londres permettent enfin d’aborder le retour des sportifs déportés, l’épuration dans le sport, la relève des générations au-delà des sportifs qui ont participé aux jeux de 1936 et 1948, le renouveau des « Maccabiades » (rencontres sportives juives).

Itinéraires de sportifs

Plus qu’une déclinaison de l’histoire du sport à l’échelle des individus, les destins dont témoignent le parcours d’une vingtaine d’athlètes juifs s’avèrent particulièrement emblématiques de l’évolution des sociétés. Leur histoire a longtemps été oubliée.

La plupart de ces sportifs n’ont véritablement pris conscience de leur judéité que sous l’effet de l’antisémitisme et de la barbarie nazie. Certains sont épargnés, un temps, comme les boxeurs d’Auschwitz. Pour d’autres en revanche, leur statut d’athlètes d’exception leur vaut d’être atrocement suppliciés. Rares sont ceux qui ont survécu, encore plus rares ceux qui ont poursuivi leur carrière sportive, souvent, ils émigrèrent loin d’Europe.

Pour le grand public, et plus encore pour les jeunes générations, le regroupement adopté dans le parcours d’exposition en sept disciplines (gymnastique, escrime, sports de combat, natation, athlétisme, football, sports de raquette) facilite les processus d’identification, de réflexion et d’appropriation des connaissances historiques en lien avec des athlètes français, italiens, allemands, polonais, autrichiens, hongrois. Pour autant, ces itinéraires montrent à quel point les déterminations personnelles furent complexes et très souvent empêchées par l’absence d’un vrai choix.

Le sport à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale

Le sport et la jeunesse furent une des priorités du régime de Vichy. Dès le mois de juillet 1940, un Commissariat général à l’Éducation générale et aux Sports fut créé. À travers l’organisation de grandes manifestations, mais aussi les parcours croisés d’athlètes d’exception comme Tola Vologe et Tony Bertrand, l’exemple de Lyon permet d’illustrer l’importance et l’impact de la politique sportive entre 1940 et 1944. Cet exemple témoigne aussi d’un engouement pour le sport qui dépasse les seuls objectifs du gouvernement de Vichy. Dès sa nomination à la tête du Commissariat, l’ancien champion de tennis Jean Borotra veut imposer le sport par la pédagogie, unifiant les méthodes d’enseignement à travers un Collège national de moniteurs et d’athlètes (CNMA, Antibes). Tony Bertrand, sorti major de sa promotion, est mis ainsi à la disposition de la direction lyonnaise du Commissariat général à partir du mois de janvier 1942. Avant même son retour de formation, il sait qu’il va trouver à Lyon le grand champion et athlète international Tola Vologe, réfugié dans la ville avec sa mère depuis l’été 1940. Les deux hommes deviennent très vite amis et les principaux animateurs et entraîneurs du Lyon olympique universitaire (LOU).

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