L’amour d’écrire en direct

L’amour d’écrire en direct

L’ Amour d’Ecrire En Direct Marc-Michel Georges Mardi 11 octobre 2016 au Ciné 13 Théâtre avec les écrivants Marjorie Fabre, Alberto Lombardo, Grégoire Maréchal, Catherine Richon avec les artistes Hervé Vilard, Dom Paulin, Eglantine Latil, François Thomas. Parrain de la soirée :Olivier BAS

ON VA CHEZ MAMAN. Ils vont être assis 2H. Ça bruisse. Ça piétine. Ça piaffe. C’est la 9e année, la 52e soirée. Le bouche à oreille marche bien depuis le temps. Ils ont raconté ce qu’ils ont vécu. Oui madame. C’est comme ça qu’elles se reproduisent ces soirées.

Il est là, salle comble ce soir. Il veut rentrer, s’asseoir, être in situ. On lui dit « non pas encore », « non la salle n’est pas encore ouverte ».

Il fait « MMMM » poliment mais n’en pense pas moins. C’est clair et net on ne va pas le tenir longtemps. La charcuterie, le fromage et le vin n’y suffiront pas. Ils veulent de la chair fraîche, le corps des auteurs. Ils veulent du sang frais, l’encre des bics. Ils veulent de la sensualité des émotions, du voyeurisme. « Ça « se fait en direct, sous nos yeux… vont-ils chuter ? comme un trapéziste dans un numéro aérien ? Marc-Michel dit « c’est du haut vol ce soir »…

La régisseuse dit à Marc-Michel « Il faut absolument dire aux gens de parler doucement en sortant sinon les voisins jettent des seaux d’eau. » des seaux d’eau pour éteindre le brasier. Il y a tant de talents et d’envie incandescents ce soir que je pense que les seaux d’eau ne suffiront pas. Les stalles, étables, écuries de l’autre côté de la porte. Dedans, eux. Ceux qui écrivent. Seule dans la salle, j’écoute, je note, entre le public qui goûte la frustration du différé et eux, qui goûtent la peur panique qui monte seconde après seconde. Que va t-il se passer ?… Une voix me parvient, celle d’un auteur.

Il est dans la loge, son écurie. Il n’a pas de corps encore. Juste une voix. Il parle de loin de sa phobie. Autre voix, à côté de lui, pas loin. Elle lui partage sa peur des chiens. Ils se mettent d’accord pour résoudre tout ça en thérapie… Tiens, un corps. Elle répète son entrée, sa courte présentation sous forme de tango parlé. Graphique, vibrant. Elle veut bien faire, elle joue quelque chose ce soir, quelque chose d’important, qui lui appartient. Seule elle sait quoi… elle s’y accroche…

Il fait froid dehors, ici c’est déjà Noël. Marc-Michel est un écrivain de la danse. Gracieux, léger, aérien maître de cérémonie qui parvient la prouesse de prendre toute la place et de donner toute la place à ceux qu’il a invités. Je l’aime. Il rayonne de générosité. C’est L’ Amour d’Ecrire En Direct Marc-Michel Georges Mardi 11 octobre 2016 au Ciné 13 Théâtre avec les écrivants Marjorie Fabre, Alberto Lombardo, Grégoire Maréchal, Catherine Richon avec les artistes Hervé Vilard, Dom Paulin, Eglantine Latil, François Thomas. Parrain de la soirée : Olivier Bas son rêve cette soirée, son rêve incarné.

Il fait danser sur le fil la vidéo, la chanson, les mots en musique (ce soir il veut retourner chez « maman »), la poésie, la philosophie… prise de risques en contraintes maximales… Pourquoi se faire ça ? Pour de rire… il tremble de trac et de plaisir comme un funambule qui cherche l’ancrage au sol avec Dom Paulin, amarré à son clavier… Dom dit dans ses yeux « je suis là , je ne te lâche pas, je ne bouge pas… ». Qui peut dire ça aujourd’hui ?… Ca y est. On y est. Les auteurs pénètrent l’espace, comme une délivrance, enfin l’attente est finie. On va savoir. On se jauge, eux, nous… Philippe Bas est assis à côté de moi. Sa bienveillance de parrain irradie les gros canapés rouges moelleux. Il est content d’être là, il est ému, il a amené son fils. Transmission. Fierté. Ca aussi c’est l’amour d’écrire. En direct. Première manche, Plume, bonhomme, vierge, estomac. Ceux qui ont été appelés pour donner les mots à immiscer sont rouges de gêne et de jubilation. « C’est moi qui ai apporté cet objet, c’est moi qui ai dit le mot, et c’est moi qui suis allé sur scène ». C’est bon je peux mourir ce soir. On en est tous là, tout le temps, ce besoin de reconnaissance fondamental, radical, « Regarde moi maman ! » « je monte sur scène pour que tu me voies !! » C’est la phrase que j’avais travaillée en thérapie il y a des années, pour analyser mon désir de comédienne ; la thérapie était en loge tout à l’heure, elle est dans la salle maintenant. Et on est chez maman, c’est pas moi qui le dit, c’est Marc-Michel. La contrainte est d’inclure les mots dans une oraison funèbre. « Ca doit être lu tout haut après votre mort ».

Mon dieu. Et dire que ces contraintes sont imaginées par MMG à jeun, sans drogue, si je vous jure, je le connais. Même si lorsque sa vidéo « Moi et Ouam » dans l’épisode « il y a anguille sous l’jambon » est projetée, on ne peut plus être catégorique sur ce point. Ce qui est fascinant, c’est que personne ne bronche, ne se rebelle. Plus loin Marc-Michel demandera aux auteurs de s’allonger par terre, de se placer sous un tulle rose géant, de se faire tripoter le cou par un inconnu tout en écrivant, eh bien ils le feront. Sans discuter. Ils lui font confiance. Ils vont vers le gouffre en souriant… Les auteurs justement. Alberto Lombardo commence fort et se «plante des carottes dans le cul et veut qu’on chie d’amour pour lui ». Fixation anale intéressante. Catherine Richon parle de sa dépouille puante. Schéma d’image corporelle étonnant. Marjorie Fabre veut faire tomber le masque, elle qui le porte depuis le début dans sa tenue de danseuse, mime comme une artiste formée par Jacques Lecoq, Figure tragique, Entre Médée et Dalida. Grégoire Maréchal et son costume parle d’avoir du cœur à l’estomac pour oser être qui il est ; il nous a dit avoir emprunté une voix « classique et normée » avant d’oser le chemin de l’écriture. Il est aux prises avec cela. C’est son oncle qui lui montre la voix, (e), lui qui selon Grégoire n’avait pas de talent réel mais grâce à la puissance de son désir, a réussi à obtenir un prix littéraire. Comme quoi. Ca me rappelle l’anecdote des grenouilles qui tombent dans le bol de crème liquide ; plutôt que de se laisser noyer, autant se débattre ça peut faire de la crème fouettée et nous permettre de sortir du bol… Norme et désordre, comment être moi pleinement et oser te déplaire en étant sûr que tu m’aimes inconditionnellement toujours…

Tout à l’heure, Alberto a parlé de sa mère, de sa grand-mère, ce soir définitivement on est dans les jupes du maternel, sous le regard de maman, ou de son absence. Et alors on a froid… Tout à l’heure encore d’ailleurs Catherine parlera du besoin de sa couette, tout la journée, retrouver sa chaleur et son accueil, à la maison, dans le lit, elle au moins ne bouge pas, ne va nulle part, n’abandonne pas…. Dom Paulin au piano chante une épopée fantastique. Les loups sont entrés, et sortis de Paris. Et ça fait « rire charmante Elvire ». Par ce mouvement, il prend le devant de la scène ; le reste du temps il sera accompagnateur, soutien, spectateur même mais là il est devant. C’est moi que tu regardes maman. Hervé Vilard vient dire du Lafontaine, il s’excuse de n’être pas Lucchini. Ca tombe bien on ne veut pas voir quelqu’un d’autre.

C’est toujours la même histoire, on n’est « que » soi, on s’excuse de ce qu’on donne à voir…. Comme Catherine qui a dit son nom au début et qui aurait « aimé que ça suffise ». La vérité c’est que ça suffit largement. C’est dans la tête. Et Hervé est touchant comme un petit garçon qui savoure l’effet de sa fable sur les grands qui l’écoutent. Il a 70 ans. Je ne le crois pas ; pas une seconde. Ah ! C’est l’heure de l’analyse du public au travers des objets qu’il a apporté. Oui c’est aussi ça l’intelligence de Marc-Michel, il sait bien mettre en avant les gens dans l’ombre, il dit « ce n’est pas parce que tu es assis dans le noir que je ne te vois pas, je connais mon public ». Figure maternelle idéale ! François Thomas est aux manettes de ce numéro d’équilibriste. Il est au four et au moulin d’ailleurs parce que tout à l’heure il va jouer du piano de concert avec Eglantine Latil, violoncelliste de métier gracieuse et inspirée. Je l’ai vu à l’entrée plus tôt, déchirant les billets. Je mettrais ma main à couper qu’il a cuit lui même le pain qu’on mange avec le fromage ce soir. C’est beau. Il occupe le terrain, il joue ses cartes, tente sa chance, donne de la voix à son chapitre. Il étiquette le public ce soir « en crise, déboussolé, pas franchement politisé ». C’est comme toujours brillant et très drôle.

Les auteurs reviennent avec la production de leur écrits sous contrainte ; le portrait imposé d’une spectatrice peut se résumer comme suit : il s’agit d’une psychotique aux personnalités multiples se faisant appelée Hortense Van Den Brecht pour Marjorie , déclarant être la fille du commandant Cousteau, en bottes et ciré à Montélimar pour Grégoire, plus connue sous le nom de Marie Girard, la mangeuse d’âmes rayon charcuterie au supermarché pour Catherine, enfin identifiée comme Adèle la stagiaire de l’hôpital psychiatrique pour Alberto. Grégoire a ensuite une écriture brillante lors du passage en musique et se lamente de l’usage abusif du la majeur et Marjorie veut filer en douce pour rompre au petit matin. Quand ils entament le dernier exercice de l’écriture en direct au micro, sous le tulle, avec un partenaire imposé dans leur dos, ils sont épuisés, exsangues, mais ils en redemandent. Nous pareils en fait. Moi je me dis à cet instant qu’il s’est passé tant de choses que je ne sais foutrement pas comment je vais le traduire. Comme du foutre peut- être, un jaillissement orgasmique et on verra bien… Catherine dépiaute la sirène et miaule en couple, attisant le désir chez l’autre fantasmé, elle aurait aimé un bel homme musclé dans son dos. Tant pis pour elle c’est une autre Catherine qui s’y colle. Narcisse, double siamois. Marjorie, les yeux fermés est inspirée par Clémentine qui « est aussi un fruit », Merci Marc-Michel, parle de je ne sais plus quoi. Je ne l’écoute pas vraiment à cet instant, je la regarde, elle est si habitée, c’est si important pour elle… Alberto et Nicole parlent du grand-père qui lui aussi veut se planter des carottes ou des pommes de terre dans un champ on ne sait plus très bien. Grégoire et Amélie avaient ouvert le bal comme le proue d’un bateau.

Pas le titanic. Plutôt un duo de cordée d’ailleurs car Grégoire parle d’alpinisme. Après la mer, la montage et son symbole phallique. Voilà c’est fini, les mots fusent pour définir les auteurs « Emphase, romantique, intense, touchante » pour Marjorie, « drôle, humanité, ludique » pour Catherine, « inattendu, nez de clown, forme classique » pour Grégoire, « audacieux, drôle » pour Alberto. Tiens tu as moins de mots Alberto mais tu repars avec le sac car le public te choisit comme vainqueur. Tout le monde a parlé, chanté, dansé, écrit, joué, composé, émis, ri, laissé une trace, sous ton regard, dans ta chaleur, dans ton amour. On a envie de recommencer. Mais là on est fatigué, on va faire dodo, on peut dormir bercés. Je peux dormir tranquille, tu m’as regardée. Je t’aime maman. CAMILLE SOLAL 12/10/2016

Les réservations sont possible depuis une semaine… Ne perdez plus de temps ! (il n’y a que 120 places)
 Réservez vite pour la soirée du Mardi 11 octobre “L’amour d’écrire en direct”.
Pour ceux et celles, qui en ont entendu parler, mais qui ne savent toujours pas vraiment de ce que c’est… Je me ferais un plaisir de vous expliquer : quand l’écriture devient un spectacle !
“folles soirées” Gilles Costaz (france inter)
* en bonus,  Hervé Vilard, de retour d’Athènes, nous rendra une petite visite pour nous dire du Jean de Lafontaine. Merci Monsieur.
Marc-Michel Georges
je vous annonce que la 51 eme soirée “l’amour d’écrire en direct” aura lieu le vendredi 24 juin, entre deux matches de foot ! Retrouvons-nous en plein Montmartre, pour cette occasion, juste avant la nuit de la Saint Jean ! Le chiffre “51” évoque le Pastis,  la marque du Cachaça au Brésil, le numéro atomique de l’antimoine (un métalloïde) et c’est aussi l’indicatif téléphonique du Pérou. Autant dire, que cette soirée sera fiévreuse et drôle. L’écriture toujours au centre de tout alors que tout autour ça bouge. Merci à notre Parrain Emmanuel Courcol (qui vient de terminer le montage de “Cessez le feu” avec Romain Duris), merci à Evelyne Dress qui dressera un compte-rendu de cette soirée. Et merci à Hervé Vilard, qui nous fera l’amitié d’être là, en compagnie de Sacha Guitry. Shein B, revient avec ses musiques et ses slams, Dom Paulin toujours là…
et bravo aux auteurs (dont vous découvrez les noms ci-dessous et les visages) de venir écrire “au bord du précipice” (Isabelle Bournat). Et face à vous, j’orchestrerai l’ensemble, pour la 51 eme fois, avec toujours le même enthousiasme et la même peur joyeuse. Venez nombreux, et réservez vite !
https://youtu.be/TDEI682gBOw

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