ALAIN MIMOUN nous a quittés RIP une légende

Alain Mimoun

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Alain Mimoun Portail athlétisme
Informations
Discipline(s) 5 000 m10 000 mmarathon
Période d’activité 1947-1973
Nationalité Drapeau de la France France
Naissance 1er janvier 1921
Lieu Maïder, Algérie française
Décès 27 juin 2013 (à 92 ans)
Taille 1,70 m
Poids 56 kg
Entraîneur(s) Joseph Maigrot
puis lui-même
Palmarès
Jeux olympiques 1 3
Cross des nations 4 2
Championnats d’Europe 2
Jeux méditerranéens 4
Championnats de France 29
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Alain Mimoun, de son ancien nom Ali Mimoun Ould Kacha1, est un athlète français et ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, né le 1erjanvier 1921 à Maïder (arrondissement du Telagh, département d’Oran)2 en Algérie française et mort le 27 juin 20133 à Champigny, dans le Val-de-Marne. Il est particulièrement connu pour sa victoire au marathon des Jeux olympiques d’été de 1956 à Melbourne.

Sommaire

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Biographie[modifier]

Jeunesse[modifier]

Aîné d’une fratrie de sept enfants, issu d’une famille de modestes agriculteurs, sa mère Halima le destine à une carrière d’instituteur. Il obtient le certificat d’études primaires (avec mention « Bien »), mais on lui refuse malgré tout une bourse. Il s’engage alors dans l’armée au début de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il n’a pas encore 19 ans, et est envoyé sur la frontière belge. Après la débâcle, en 1942, il est pour un temps intégré au 19e régiment du génie, à Besançon où il se livre à la pratique du sport : football, cyclisme… et enfin à la course à pied4. Puis il va à Bourg-en-Bresse où il vient s’entraîner dans le stade. Là, le président du club d’athlétisme local, M. Vilar, le remarque. Il participe au championnat départemental de l’Ain et remporte l’épreuve du 1 500 mètres. Muté en Algérie, au 19e régiment du génie à Alger, il intègre l’équipe de cross-country de l’unité, puis combat contre l’Afrika korpslors de la Campagne de Tunisie (novembre 1942 – mai 1943) sous les ordres du général Giraud.

Dès juillet 1943, il participe à la campagne d’Italie comme caporal dans le 83e bataillon du génie, au sein de la 3e division d’infanterie algérienne du Corps expéditionnaire français commandé par le maréchal Juin. Grièvement blessé au pied par un éclat d’obus lors de la bataille du mont Cassin le 28 janvier 1944, il évite de justesse l’amputation de sa jambe gauche préconisée par les médecins américains et est soigné à l’hôpital français de Naples qui lui évite cette épreuve, puis participe néanmoins au débarquement de Provence (15 août 1944). Son bataillon y gagnera la Croix de guerre avec quatre citations. Après le conflit, il devient garçon de café au Racing club de France à la Croix-Catelan et habite un modeste deux pièces au 127, avenue Simon-Bolivar5 à Paris.

Avant 1956[modifier]

Mimoun domine nettement la course de fond en France dès 1947 et enlève cette année-là ses premiers titres de champion de France sur le 5 000 et 10 000 mètres. Il croise également le Tchèque Emil Zátopek (1922-2000), qui devient rapidement son ami, à l’occasion d’un match international à Prague le 16 août 1947. Les oppositions Zatopek-Mimoun tournent le plus souvent à l’avantage de la « locomotive tchèque », au sommet de son art entre 1948 et 1952. Mimoun doit ainsi se contenter de trois médailles d’argent olympiques lors de cette période : sur 10 000 mètres aux JO de Londres en 1948 et sur 10 000et 5 000 mètres aux JO d’Helsinki en 1952, chaque fois derrière Zatopek. Il en va de même aux championnats d’Europe en 1950, où il termine second derrière Zatopek sur 5 000 et 10 000 mètres.

Après les titres nationaux gagnés en 1947, Mimoun en accumule nombre d’autres : sur 5 000 mètres en 194919511952195319541955 et 1956 (record), du 10 000 mètres en 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956, en cross-country en 1950, 1951, 1952, 1954, 1956.

En 1949 il remporte le cross national organisé par la ville de Mézidon (Calvados), victoire qu’il renouvelle en 1959 en gagnant devant Abdeslam Radi.

Il est élu champion des champions français par le journal L’Équipe en 1949.

Aux Jeux méditerranéens de 1951 et de 1955, il remporte le 5 000 et le 10 000 mètres. À la date de 1956, il détenait conjointement les huit records de France des 2 miles, 3 miles, 5 000 m, 6 miles,10 000 m, 15 000 m, 20 km et de l’heure.

Le marathon olympique de 1956[modifier]

Malgré ce copieux palmarès, la presse française pensait que Mimoun n’était pas au niveau pour disputer au Tchèque Emil Zátopek la victoire lors du marathon olympique de 1956. Mais la presse ignorait alors que Zátopek avait été opéré un mois plus tôt d’une hernie et que Mimoun, après une ultime séance d’entraînement sur 30 km sur le parcours du marathon, était très affuté. Mimoun ne promit pas la victoire à son entraîneur : « Vous savez, je ne promets rien. Je ferai seulement mon possible pour aller jusqu’au bout », mais très sensible aux « signes » du destin, il était persuadé qu’il allait gagner. Les signes, souvent évoqués par Mimoun après la course, étaient multiples aux yeux du fondeur français. Il portait le dossard numéro 13. La course débuta à 15 h 13. La veille de la course, il apprend par télégramme qu’il est père d’une petite fille qu’il prénomme Olympe. Pour Mimoun, la victoire de 1956 devait revenir aux Français, qui l’avaient déjà emportée en 1900 et 1928 (1928 + 28 = 1956).

Le 1er décembre 1956, après un faux départ, seul cas de ce type sur un marathon olympique, les quarante-cinq concurrents, représentant vingt-trois nations, s’élancent sous une chaleur accablante (36 °C à l’ombre) pour les 42,195 km du parcours. Un groupe de treize hommes se dégage après quinze kilomètres. Il n’en reste plus que cinq au passage des vingt kilomètres. L’Américain John J. Kelley (en) donne une tape dans le dos de Mimoun pour l’inviter à le suivre. Mimoun et Kelley s’appréciaient, et les deux hommes s’échappent. Après quelques minutes d’efforts intensifs de Kelley, Mimoun prend le relais, et lâche Kelley. Il se trouve seul en tête alors que la marque de mi-parcours n’est pas encore franchie. Un instant, Mimoun pense à se laisser rejoindre par ses poursuivants, puis choisit finalement de faire la course à son rythme, en profitant du tracé du parcours pour jauger l’allure de ses adversaires, qu’il croisait après avoir passé le piquet marquant la moitié du parcours. Il constate que Kelley est à la peine et quand il croise les deux Soviétiques, il prend le temps de leur faire un petit signe pour les chambrer… Exténués, ils n’ont pas la force de répondre. Il croise ensuite Zatopek, qui n’a pas sa foulée habituelle. Il comprend alors que Zatopek ne gagnera pas ce marathon.

Le dernier quart du parcours est difficile pour Mimoun qui s’insulte afin de s’obliger à poursuivre. Sa foulée devient de plus en plus courte. Il demanda à 12 kilomètres de l’arrivée où étaient situés ses poursuivants, mais personne ne lui communiqua l’information. Tout lui pesait, même le simple mouchoir protégeant sa tête du soleil. Il le jeta et fut revigoré quand il s’aperçut qu’une jeune fille blonde se précipitait pour ramasser cette relique. La foule australienne lui criait « Very good! Very good! » mais ne lui donnait aucune indication sur l’écart avec ses poursuivants. Quand il aperçoit le mât du stade olympique, à plus de trois kilomètres de la ligne d’arrivée, il accélère la cadence. Il entre dans le stade olympique à 17 h 37 sous les ovations de 120 000 spectateurs et devient ainsi champion olympique dumarathon.

À l’arrivée, Mimoun se précipite vers son ami Zatopek : « Tu ne me félicites pas Emil ? ». Sixième à l’arrivée et complètement exténué, Zatopek pensait que Mihalic était le vainqueur. Son visage s’éclaira quand Mimoun lui annonça la nouvelle. Il se mit alors au garde à vous, retira sa casquette, et félicita le vainqueur : « Alain, je suis heureux pour toi »6,7. Et ils s’enlacèrent pendant de longues secondes. C’était la dernière fois que ces deux-là s’alignaient sur la même course.

À l’aéroport d’Orly, Mimoun est accueilli en héros par une foule considérable et porté en triomphe. Déjà désigné champion des champions français par le journal L’Équipe en 1949, il connaît de nouveau cet honneur en décembre 1956.

Après 1956[modifier]

Mimoun poursuit sa domination sur le fond français en remportant d’autres titres nationaux sur 10 000 mètres en 1957, 1958 et 1959, et de cross-country en 1959.

Malgré son âge, il tient à défendre son titre à Rome en 1960, et compte un total de 86 sélections en équipe de France A (record toujours valide).

En 1960, il initie la création de Centre d’entrainement sportif national8 de Bugeat en Corrèze (devenu l’« Espace 1000 Sources Corrèze »).

En 1966, à 45 ans, il remporte son dernier titre national, sur le marathon, après ceux de 1958, 1959, 1960, 1964 et 1965 (record national, devant Fernand Kolbeck 5 titres). Au total, ce seront 32 titres nationaux et 20 records de France à son actif.

Le 25 septembre 2002 à Argenteuil, il assiste à l’inauguration du 50e stade portant son nom, dans le département du Val-d’Oise.

Jusqu’à l’âge de 92 ans, il courrait toujours une dizaine/quinzaine de kilomètres par jour.

En 2012, il est toujours le recordman de France vétérans :

  • du 5 000 m (M50) depuis 1971 en 15 min 31 s
  • du 10 000 m (M45 et M50) depuis 1966 et 1972 en 30 min 16 s 8 et 32 min 14 s
  • du 20 000 m (M40 et M45) depuis 1966 en 1 h 03 min 34 s
  • de l’heure (M45 et M50) depuis 1966 et 1971 avec 18 862 et 18 575 mètres

Principaux résultats sportifs[modifier]

  • Champion de France du 5 000 m en 1947, 1949, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956
  • Champion de France du 10 000 m en 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956
  • Champion de France de Marathon en 1958, 1959, 1960, 1964, 1965 et 1966 (record du nombre de titres)
  • Champion de France de cross-country en 1950, 1951, 1952, 1954, 1956, 1959,
  • Médaille d’argent aux JO sur 10 000 m en 1948
  • Médaille d’argent aux JO sur 5 000 m en 1952
  • Médaille d’argent aux JO sur 10 000 m en 1952
  • Médaille d’or aux JO en marathon en 1956 (2 h 25 min)
  • Médaille d’or aux Jeux méditerranéens sur 5 000 m en 1951
  • Médaille d’or aux Jeux méditerranéens sur 10 000 m en 1951
  • Médaille d’or aux Jeux méditerranéens sur 5 000 m en 1955
  • Médaille d’or aux Jeux méditerranéens sur 10 000 m en 1955
  • Médaille d’argent aux Championnats d’Europe sur 5 000 m en 1950 (14 min 26 s 0)
  • Médaille d’argent aux Championnats d’Europe sur 10 000 m en 1950 (30 min 21 s 0)
  • Cross des Nations en 1949, 1952, 1954, 1956 (par équipes: 1946, 1947, 1949, 1950, 1952, 1956)
  • Champion d’Afrique du Nord de cross-country en 1942

Distinctions[modifier]

Alain Mimoun a été décoré de la Légion d’honneur par quatre présidents :

  • Chevalier de la Légion d’honneur (1956) par René Coty, après son exploit à Melbourne (lauréat la même année du Prix Henri Deutsch de la Meurthe de l’Académie des sports, récompensant un fait sportif pouvant entraîner un progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité).
  • Officier de la Légion d’honneur (1972) par Georges Pompidou (à titre militaire, dans la cour des Invalides, recevant les honneurs du 501e RCC)
  • Commandeur de la Légion d’honneur (1999) par Jacques Chirac.
  • Grand officier de la Légion d’honneur (2008) par Nicolas Sarkozy9.

Alain Mimoun a aussi été félicité par la presse sportive :

  • Champion des champions de L’Équipe en 1949 et 1956
  • 1999 les lecteurs de la revue Athlétisme l’ont élu « athlète français du siècle » devant Marie-José PérecGuy Drut ou encore Michel Jazy.
  • Décembre 2012: Pour la soirée des Champions du journal l’Equipe, il reçut le trophée de Champion des Champions de Légende .

À ce jour, une bonne cinquantaine de rues, de stades ou d’écoles portent son nom.

Divers[modifier]

  • Il a toujours été un grand admirateur du Général de Gaulle, qu’il considérait comme le représentant d’une République juste et démocratique.
  • Le symbole du Coq gaulois a été utilisé pendant des années pour représenter la nation française, il est présent sur les maillots des sportifs dans les compétitions internationales. En 1997, le CNOSFdécida de retirer cet emblème du logo officiel. Beaucoup de personnalités se sont élevées contre cette décision ; Mimoun fut leur porte-parole.
  • Dans les années 1950 et 1960, il était de mise, pour encourager un jeune sportif dans les compétitions, que ses camarades lui lancent : « Allez Mimoun ! ».
  • Après sa victoire en 1956, il déclara : « Je compare ma carrière à un château : ma médaille d’argent de Londres, ce sont les fondations ; mes 2 médailles d’Helsinki, ce sont les murs ; ma médaille d’or deMelbourne, c’est le toit. »
  • Alain Mimoun a une passion pour l’histoire de France perceptible dans l’aménagement de son pavillon de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) où l’on trouve des références au chevalier Bayard, au général de Gaulle, à Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus et aux papes Jean XXIII et Jean-Paul II10.
  • Alain Mimoun est un fervent catholique ; le champion olympique s’est déjà fait construire une chapelle dans le cimetière de Bugeat, en Corrèze.

Notes et références[modifier]

  1.  http://www.lematin.ch/sports/depeches/athletisme–alain-mimoun-decede-92-ans-bref-encadre/story/31883866 [archive]
  2.  Petite histoire de la médaille, incarnation des Jeux olympiques [archive] dans Le Monde du 26 juillet 2011.
  3.  Alain Mimoun, légende de l’athlétisme français, est mort [archive], sur Le Huffington Post. Mis en ligne le28 juin 2013, consulté le 28 juin 2013
  4.  Alain Mimoun court toujours [archive], Entretien réalisé le 14 octobre 2002, Thomas Bougueliane
  5.  Mimoun : je l’ai sorti de l’ombre [archive] dans L’Humanité du 4 septembre 1995
  6.  La fabuleuse histoire des Jeux Olympiques, Robert Parienté, Guy Lagorce, (ISBN 978-2-8307-0583-6)
  7.  (frRécit du marathon de Melbourne sur marathoninfo.free.fr [archive]
  8.  centre-sportif-bugeat.com [archive]
  9.  Décret [archive] du 13 juillet 2007 publié au JO du 14 juillet 2007.
  10.  Alain Mimoun : c’est aussi une histoiire de France [archive], sur ladepeche.fr, 3 janvier 2011

Voir aussi[modifier]

Bibliographie[modifier]

  • Marcel Couchaux, Zatopek : Les années Mimoun, 6 Pieds sous Terre, 16 mars 2006 ISBN 978-2910431877
  • Raymond Pointu, Les Marathons olympiques (Athènes 1896 – Athènes 2004), Paris, Calmann-Lévy, 2004, p. 94-106
  • Stéphane Gachet, Le Dictionnaire des médaillés olympiques français, éditions La Maison d’Éditions, juin 2011

Liens externes[modifier]

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v · d · m

Champions olympiques du marathon

1896 : Spyrídon Loúis • 1900 : Michel Théato • 1904 : Thomas Hicks • 1908 : John Hayes • 1912 : Kenneth McArthur • 1920 : Hannes Kolehmainen • 1924 : Albin Stenroos • 1928 : Boughéra El Ouafi •1932 : Juan Carlos Zabala • 1936 : Son Ki-chong • 1948 : Delfo Cabrera • 1952 : Emil Zátopek • 1956 : Alain Mimoun • 1960 : Abebe Bikila • 1964 : Abebe Bikila • 1968 : Mamo Wolde • 1972 : Frank Shorter •1976 : Waldemar Cierpinski • 1980 : Waldemar Cierpinski • 1984 : Carlos Lopes • 1988 : Gelindo Bordin • 1992 : Hwang Young-cho • 1996 : Josia Thugwane • 2000 : Gezahegne Abera • 2004 : Stefano Baldini •2008 : Samuel Wanjiru • 2012 : Stephen Kiprotich

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