Bartabas Programme culturel franco-émirien

Bartabas

le commissaire général Laurent Maillaud

bartabas

Edito du Programme culturel franco-émirien
– Dialogue avec le Louvre Abou Dabi
Un programme d’excellence
. Voulu et élaboré conjointement par les autorités françaises et émiriennes, le Programme
culturel franco-émirien – Dialogue avec le Louvre Abou Dabi s’inscrit dans l’élan créatif
généré par la création du Louvre Abou Dabi. Ce musée d’envergure internationale, projet
culturel majeur qui marquera le début de ce siècle, est le socle sur lequel s’appuie ce
programme artistique, et constitue la source de son inspiration.
.
. Ce programme de « Haute Culture » est présenté à Abou Dabi et au coeur du désert, à Al
Aïn, berceau de la nation émirienne.
.
. Premier du genre, ce projet novateur est basé sur l’excellence des traditions culturelles
françaises et émiriennes. A travers un ensemble de manifestations, il illustre les
capacités de création et d’innovation des artistes des deux pays et vise à renforcer leur
coopération culturelle. Il s’adresse au public des Emirats dans sa grande diversité.
.
. A n’en pas douter, cette aventure marquera un pas historique dans les relations entre
nos deux pays. Au programme, musique classique et contemporaine, théâtre,
chorégraphie équestre, arts plastiques, création pyrotechnique ; soit cinq actes majeurs
portés par les plus grandes institutions françaises et émiriennes.
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. Inspirations universelles, notre concert inaugural, a donné le ton il y a un an avec, en
première mondiale, deux compositions alliant l’excellence de la création musicale de nos
deux pays. La presse et les réseaux sociaux s’en sont largement fait l’écho.
.
. Fin 2016, le projet Co-Lab : art contemporain et savoir-faire a été présenté à Abu Dhabi
Art. Ce projet collaboratif, véritable atelier de compétences, offre l’opportunité à quatre
artistes résidant aux Émirats de vivre une expérience unique auprès de quatre
manufactures historiques françaises. Leurs oeuvres originales seront exposées au
Louvre Abou Dabi.
.
. Après les dernières sessions de formation théâtrale du programme « Trance-forms » à
Abou Dabi et à Paris au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, l’année 2017
a vu naître I Am My Language – Je suis ma langue, présenté fin février à Manarat Al
Saadiyat et permis de découvrir sur scène quatorze jeunes et talentueux comédiens
basés aux Émirats arabes unis.
.
.
.
.
Aujourd’hui, et pour la première fois dans le Golfe, les écuyers et les trente chevaux de
l’Académie Equestre nationale du domaine de Versailles, donneront un spectacle
exceptionnel choregraphié par Bartabas, dans l’enceinte du Fort Al Jahili d’Al Aïn, classé
au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
Fondée en 2003 dans les Ecuries Royales du Château de Versailles, l’Académie est une
compagnie unique au monde dont l’originalité est d’associer le travail de dressage de
Haute-École à d’autres disciplines telles que l’escrime, la danse, le chant ou le tir à l’arc
japonais.
L’inauguration du Louvre Abou Dabi sera l’étape ultime et le point d’orgue de ce
programme de « Haute Culture ». En attendant, nous espérons que vous l’apprécierez
avec autant de plaisir que nous avons eu à l’élaborer.
Commissariat général – France
Dans le cadre du Dialogue Stratégique entre la France et les Émirats arabes unis,
le «Programme culturel franco-émirien – Dialogue avec le Louvre Abou Dabi» est
mis en oeuvre par la Abu Dhabi Tourism & Culture Authority et, en France, par le
Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, le Ministère
de la Culture et de la Communication et l’Institut français.

DOSSIER DE PRESENTATION
Titre anglais
« Versailles equestrian choreography in Al Aïn »
Titre français
« La Voie de l’écuyer »
Chorégraphié par Bartabas
et les écuyers de l’Académie équestre de Versailles
Au Fort Al Jahili
Al Mutawaa, Near Al Jahili Park, Al Ain – Abu Dhabi – Émirats Arabes Unis
jeudi 23 mars à 20h, vendredi 24 mars à 20h,
samedi 25 mars à 20h,
lundi 27 mars à 20h, mardi 28 mars à 20h
Dans le cadre du programme culturel franco-émirien
« Dialogue avec Le Louvre Abu Dhabi »,
l’Académie équestre nationale du domaine de Versailles dirigée par Bartabas
est invitée pour cinq représentations exceptionnelles aux Emirats Arabes Unis.
Inspiré de « La Voie de l’écuyer »,
spectacle de répertoire de l’Académie équestre,
Bartabas a imaginé une mise en scène originale
dans l’écrin du Fort Al Jahili, lieu emblématique de la culture émirienne.
Durant le spectacle, Bartabas dialoguera avec son célèbre cheval Le Caravage
accompagné par Mohammed Dohai au Oud.
CONTACTS PRESSE
Académie équestre : Valérie Dugard – +33 (0)6 49 40 58 60 – communication@acadequestre.fr
Programme culturel franco-émirien : Florence Taieb – +33 (0)6 71 90 40 57 – florence.taieb@gyro-ae.com
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DISTRIBUTION
« La Voie de l’écuyer »
Mise en scène et chorégraphie Bartabas
et les écuyers de l’Académie équestre nationale du
domaine de Versailles
Ecuyers Bartabas, Laure Guillaume, Emmanuel Dardenne,
Emmanuelle Santini, Émilie Tallet, Charlotte Tura,
Adrien Samson, Maïlys Frougneux, Zoé San Martin,
Julia Bougon, Clémentine Marguerat
Chevaux Le Caravage, Soulages, Tinguely
Babilée, Pollock, Zanzibar
Eraste, Esquive, Damoclès, Capuce, Estocade, Palache
Uranus, Venus, Mercure, Saturne, Pluton, Neptune
Botero, Uccello, Vivace, Chagall, Passa, Balestra, Quilate
Kodaly, Allegro, Ligeti , Adagio
Textes dits par Yaser Saeed Al Neyadi
Joueur de oud : Mohammed Dohai
Régisseur Général Stéphane Cargnino
Régisseur Lumières Laurent Quain
Régisseur Son Samuel Mazzotti
Costumière Sophie Manac’h
Responsable des écuries Philippe Boué Bruquet
Palefreniers, soigneurs Clère Fouquère, Rémi Rodier
Production Académie équestre nationale du domaine de Versailles,
Institut français, Abu Dhabi Tourism & Culture Authority
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L’Académie équestre nationale du domaine de Versailles
Créée en 2003 par Bartabas dans la Grande Écurie du Château, l’Académie équestre nationale
du domaine de Versailles est un corps de ballet unique au monde. Fondé sur la transmission
autant que sur l’art de la représentation, l’enseignement quotidien associe dressage de la
Haute École à diverses disciplines telles l’escrime artistique, la danse, le chant ou le Kyudo –
tir à l’arc traditionnel japonais. Les écuyers développent alors une véritable sensibilité
artistique mise au service d’un répertoire très singulier, entièrement dédié au public.
Parallèlement à cette transmission développée avec « La Voie de l’écuyer », opus au long
cours, l’Académie se consacre à des créations exceptionnelles chorégraphiées par Bartabas et
données dans les plus grands festivals lyriques ou théâtraux en France et à l’étranger, allant
des Fêtes de Nuit de Versailles aux Nuits de Fourvière. Elle vient de créer un somptueux
« Requiem » à la semaine Mozart de Salzbourg sous la baguette de Marc Minkowski.
En 2011, l’UNESCO a inscrit l’équitation de tradition française sur la liste représentative du
Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Voilà bientôt quinze ans que les chevaux et
cavaliers de cette compagnie-école d’exception, menée grand train par Bartabas, s’engagent à
préserver l’équitation de légèreté française tout en réinventant l’art des chorégraphies
cavalières.
“J’ai imaginé une compagnie-école, un
laboratoire de création, où la notion de travail
collectif est fortement défendue. Pour moi, il n’y
a pas de transmission du savoir équestre sans
développement d’une sensibilité artistique. […] Il
s’agit de considérer la chose équestre comme un
art et non comme une discipline sportive.”
Bartabas
La Voie de l’écuyer
Chorégraphié par Bartabas, le spectacle
emblématique de l’Académie évolue année
après année : carrousel de Lusitaniens,
solos, escrime, longues rênes… Chaque
opus s’enrichit du perfectionnement des
chevaux et des progrès de leurs écuyers.
Représentations toute l’année dans le
théâtre de l’Académie
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Bartabas
Quelques repères biographiques
Écuyer d’exception, chorégraphe et metteur en scène, Bartabas a
inventé une forme inédite de spectacle vivant : le Théâtre
Équestre, conjuguant art équestre, danse, musique et comédie.
Compagnie pionnière, le Théâtre Équestre Zingaro, fondé en
1984, s’installe en 1989 au Fort d’Aubervilliers. Ses créations
successives, Cabaret équestre, Opéra équestre, Chimère, Éclipse,
Triptyk, Loungta, Battuta, Darshan, Calacas et On achève bien les
anges (élégies), parcourent la planète depuis plus d’un quart de
siècle, triomphant de New-York à Tokyo, d’Istanbul à Hong-
Kong, ou encore de Moscou à Mexico city.
En artiste sur le qui-vive, Bartabas crée régulièrement des oeuvres
plus intimistes pour la scène dont il est à la fois l’auteur et l’interprète, telles Entr’aperçu
(2004), Le Centaure et l’Animal (2010) au côté du danseur de butô Ko Murobushi ou Golgota
(2013), au côté du danseur de flamenco Andrès Marìn.
Soucieux de transmission artistique, il se consacre également depuis 2003 à l’Académie
équestre nationale du domaine de Versailles, corps de ballet unique au monde, attaché au
manège de la Grande Écurie Royale. Là, il entend préserver l’équitation de légèreté de
tradition française alliée à la pensée chorégraphique. Ainsi a-t-il signé Le chevalier de Saint-
George (2004), Voyage aux Indes Galantes (2005) et Les Juments de la Nuit (2008) à
l’occasion des Fêtes de la Nuit du Château de Versailles, mais aussi Récital équestre (2006)
avec Alexandre Tharaud, Partitions équestres (2008) avec Philipp Glass, We were horses
(2011) avec Carolyn Carlson aux Nuits de Fourvière, ou encore à Salzbourg, avec Marc
Minkowski, Davide Penitente (2015) et le Requiem (2017) lors de la semaine Mozart.
Pour le cinéma, il a réalisé Mazeppa (1993), Chamane (1995) et Galop Arrière (2010),
produits par Marin Karmitz. Il met également un point d’honneur à réaliser lui-même les
captations de tous ses spectacles avec le Théâtre Zingaro depuis 30 ans.
De nombreux ouvrages sur l’aventure humaine et artistique menée par Bartabas ont été
publiés dont Zingaro Suite équestre d’André Velter ou Bartabas Roman de Jérôme
Garcin (Gallimard). Citons aussi La Voie de l’écuyer de Sophie Nauleau ou l’Almanach
Zingaro 1984-2014 (Actes Sud) retraçant en images trois décennies de création.
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Extraits de Presse
Cette année, Bartabas présente La Voie de l’écuyer, un spectacle singulier et pédagogique qui s’est
nourri au fil des années de l’expérience des cavaliers et de leurs montures. Vêtus de costumes Dries
Van Noten, les écuyers alternent reprises solitaires et carrousels, faisant sautiller leurs équidés au
rythme de la musique classique.
Les néophytes se régaleront de ces tableaux savamment construits, tandis que les plus initiés se
pâmeront devant la finesse d’exécution des figures.
Sans fioritures ni artifices, Bartabas revient à l’essence même de l’équitation, cet art noble dans lequel
le cavalier ne peut exceller que dans l’humilité. Au fil de la voix du narrateur, le cavalier trouve sa
voie, transportant le spectateur dans un monde sensible, une parenthèse de beauté. Clou du spectacle :
un incroyable tableau de « chevaux acteurs » en liberté, forçant notre admiration et notre gratitude
envers ces bêtes généreuses.
Paulina Jonquères d’Oriola – Aufeminin.com
A l’Académie, on se doit d’en apprendre un peu sur ces équidés de haute naissance. Ces chevaux sont
des lusitaniens, une race portugaise bien adaptée au dressage […]. Leur robe couleur crème est rare
[…]. Ils ont la faveur du maître Bartabas, car leur robe accroche bien la lumière. Sur la scène les
chevaux dansent, guidés par les invisibles impulsion des cavaliers. Petit trop ou galop sur place,
traversée de la piste en pas de côté, figures en étoile, rondes, désormais six chevaux se dandinent ou
galopent […]. Les manoeuvres sont si fluides qu’on croirait presque que c’est très simple. C’est
pourtant le résultat d’année de formation […].
Sabine Grandadam – Le Monde pour Directmatin plus
Depuis dix ans, les écuyers de l’Académie du spectacle équestre montrent la richesse de leur répertoire
et la force de leur esthétique dans un opus imaginé avec Bartabas. Dans le théâtre de bois clair, la
musique de Bach accompagne le carrousel des lusitaniens, les pas des sorraias gris, les esquives des
escrimeurs à pied et le ballet solennel des kyudojins. Un moment empreint d’élégance et de grâce.
Télérama Sortir
Chorégraphié par Bartabas pour les écuyers de l’Académie du spectacle équestre de Versailles, La
Voie de l’écuyer, propose à chacun de venir assister à un véritable moment magique. Ce spectacle,
repris chaque année, ne cesse d’évoluer et de s’enrichir de l’expérience des écuyers et des progrès des
chevaux. Carrousel des lusitaniens, Sorraïas aux longues rênes, escrime à cheval et improvisation
équestre s’enchaînent au son de musiques choisies par Bartabas. Divers tableaux racontent ainsi la vie
de l’Académie et l’apprentissage des arts équestres […].
Imaginée et créée par Bartabas, fondateur du théâtre équestre Zingaro, l’Académie a ouvert ses portes
en février 2003. En créant cette Académie, Bartabas souhaitait que les cavaliers développent une
sensibilité artistique. Ainsi, à la transmission du savoir équestre se conjugue la pratique de la danse, du
chant, de l’escrime et du Kyudo (discipline japonaise de tir à l’arc). Le tout avec des chevaux
magnifiques […].
Ce n’est pas anodin si l’Académie est connue et reconnue de par le monde.
Florie Cedolin – Toutes les Nouvelles de Versailles
C’est mal connaître Bartabas que d’imaginer son enseignement de l’art équestre dans le rétroviseur du
passé […].
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Lui, que la presse nomme l’homme-centaure, à qui l’Etat confie en 2003 les écuries du Roi-Soleil
formera l’élite des cavaliers selon sa philosophie. Evidemment Bartabas a pris cette mission à coeur. Il
n’aime ni les frontières ni les limites, les choses qui l’inspirent viennent de partout, il inventera une
école moderne à expression artistique. Et ce laboratoire rayonnera à l’écart du noyau équestre
conventionnel en combinant la danse, l’escrime, le kyudo, le chant avec l’équitation[…].
Un mélange de rigueur et d’épanouissement qui fait dire à Laure, coordinatrice artistique « le but est
de transmettre l’émotion, la complicité que nous avons avec le cheval ».
Geneviève d’Ortignac – Côté Paris
Bartabas ou l’art du dressage équestre
Le célèbre saltimbanque lance aujourd’hui la saison 2016 de l’Académie équestre de la cité royale.
Avec son corps de ballet équestre, installé depuis 2003 dans la Grande écurie du Roi, annexe du
château de Versailles, Bartabas sublime comme personne le dressage des chevaux. Le célèbre
saltimbanque et metteur en scène lance la saison 2016 de l’académie équestre de la cité royale avec
son nouvel opus de « La Voie de l’écuyer ».
« Monter à cheval, c’est danser : le cavalier danse tout en dirigeant son cheval. Il doit gérer le travail
de l’animal, l’intention du mouvement et sa qualité. Il forme un tout avec lui et devient une sorte de
danseur-cheval », décrit joliment Bartabas lorsqu’il parle du travail de ses écuyers et de ses chevaux,
les magnifiques Lusitaniens et autres Sorraïas.
Car c’est bien au rang d’art qu’il élève le dressage équestre avec la version actualisée de son spectacle
où l’enjeu des disciplines artistiques ressorts sur fond d’accords baroques de Jean-Sébastien Bach. Dès
lors, la visite libre des écuries, qui suit le spectacle lui-même, prend tout son sens. L’académie
équestre propose aussi d’autres animations comme la nouvelle formule de la Matinale de écuyers. Il
s’agit, le dimanche matin de 10 heures à 12 heures, de partir à la rencontre du travail quotidien des
écuyers avec leurs montures.
Laurent Mauron – Le Parisien Ile de France
Elles arrivent à pied dans la nuit, munies d’un arc, guerrières hiératiques accomplissant le kyudo,
cérémonial minutieux du tir japonais traditionnel. Plus tard ces amazones ferrailleront sur leurs
montures, l’épée au clair. Puis tourneront comme des derviches, robes orange déployées, au milieu
d’une cavalcade sauvage de jeunes chevaux : [le] spectacle « La Voie de l’écuyer » conjugue l’art de la
danse, le chant, la musique et l’escrime. Une rigueur classique tempérée de touches baroques […].
Ici la relation entre l’homme – ou plutôt la femme – et le cheval est équilibrée, épanouie dans un
bonheur communicatif, une pédagogie aussi. […].
En solo, quatuor ou en octuor, ces artistes tracent des figures entre simplicité et virtuosité. Dans le
clair-obscur d’éclairages expressionnistes, les scènes ressemblent à des tableaux de Géricault et
Delacroix. L’art du détail est aussi recherché que les mouvements d’ensemble […].
Jean-Marie Gavalda – Le Midi Libre
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Les Créations de l’Académie équestre
2004
Le chevalier de Saint-George, un Africain à la cour
Bassin de Neptune – Fêtes de Nuits du Château de Versailles
Une symphonie équestre et pyrotechnique évoquant la tradition des fêtes autrefois données au Château
de Versailles.
2005
Voyage aux Indes Galantes
Bassin de Neptune – Fêtes de Nuits du Château de Versailles
Une épopée féérique qui met en scène avec fantaisie les fastes de l’Orient.
2006
Récital Équestre avec Alexandre Tharaud
Les Nuits de Fourvière
Un spectacle mis en scène par Bartabas et en musique par Alexandre Tharaud, se présente comme une
expérience inédite et singulière. Un travail concentré, animé de toute l’énergie créatrice de ses acteurs,
hommes, femmes et chevaux.
2008
Partitions Équestres musique Philip Glass
Les Nuits de Fourvière
La dynamique permanente et délicieuse de la musique de Glass accompagne le ballet minutieusement
réglé des chevaux et écuyers.
Les Juments de la Nuit
Bassin de Neptune – Fêtes de Nuits du Château de Versailles
Une fresque poétique d’une grande finesse autour de Shakespeare et des tourments de Lady Macbeth,
inspirée de l’esthétique du cinéaste Akira Kurosawa.
2009
Liturgie équestre avec Benat Achiary et Vincent Dubois
Abbatiale Saint-Ouen de Rouen – Festival Automne en Normandie
« Centré autour de la figure de Saint François d’Assise, le spectacle chante la beauté de la Création.»
La Croix
2010
Charivari équestre
Grand Palais de Paris pour le Saut Hermès
Un tourbillon enivrant, un moment de grâce et de subtilité !
2011
We were horses
Friche Plastic Omnium – Bruay La Bussière, Les Nuits de Fourvière – Lyon, Monaco Dance Forum
Reprise à la Grande Halle de La Villette en Juin 2013.
Création de Carolyn Carlson et Bartabas avec les danseurs du Centre chorégraphique national de
Roubaix Nord Pas de Calais et les écuyers de l’Académie équestre de Versailles
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2012
Le temps devant soi
Grand Palais de Paris pour le Saut Hermès
Chorégraphie funèbre au son du Boléro de Ravel
2014
Métamorphosis et Nuit de Chine
Grand Palais de Paris pour le Saut Hermès et Nuit de Chine
L’armée des guerriers en terre cuite du premier empereur chinois Qin Shi Huangdi s’éveille et retrouve
la liberté.
2015
Davide penitente
Manège des Rochers, Salzbourg
Un spectacle conçu par Bartabas pour l’Académie équestre de Versailles et orchestré par le chef Marc
Minkowski, directeur artistique du festival de la Semaine Mozart. Pour la première fois depuis
plusieurs siècles, des chevaux ont foulé la scène du manège des Rochers, salle mythique située dans
l’enceinte du Grand Festspielhaus de Salzbourg.
2016
La nature au galop
Avec le spectacle La nature au galop, Bartabas fait vibrer la verrière du Grand Palais au son exaltant
des sabots des chevaux de l’Académie équestre nationale du domaine de Versailles.
2017
Requiem
Manège des Rochers, Salzbourg
Après le succès de Davide penitente en 2015, Bartabas et Marc Minkowski collaborent de nouveau
pour présenter une création du Requiem dans le cadre de la Semaine Mozart pour quatre
représentations exceptionnelles.
Les tournées du spectacle de répertoire de l’Académie
Avenches (Suisse) – Haras du Pin – Nîmes – Inauguration du Quai à Angers – Festival Perspectives à
Sarrebruck (Allemagne) – Festival Printemps des comédiens à Montpellier – Les Ramiers de
Fenouillet (Toulouse) – Festival de Carcassonne – Maribor (Slovénie) – Genève (Suisse) – Toulouse
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TEXTES DE CONNAISSANCE DES ARTS
Autorisation d’utilisation des textes, sous réserve de citer chacun des auteurs, et
« Connaissance des arts ».
A l’école de la Haute-École
par Jérôme Garcin
Si le geste est symbolique, le geste est magnifique. Car ce dont il n’a pas hérité, il a voulu le
léguer. Ce qu’aucun maître ne lui a enseigné, il a souhaité le transmettre. Ce qu’il a inventé ex
nihilo, il a pensé in fine le partager. Et ce qu’il a mis des années à tenter de comprendre dans
sa relation exclusive et passionnelle avec le cheval, il a décidé de l’apprendre à la jeunesse du
monde, à l’enfance de l’art. Comme tant de créateurs accomplis, il aurait pu se préférer, mais
il a préféré aider ses successeurs à s’accomplir. Bartabas, le seigneur magnanime, l’écuyer
chevaleresque.
A sa fabuleuse principauté, à son théâtre équestre, à sa troupe permanente, à ses spectacles
étourdissants, à son imagination débordante, le chef manouche des Zingaro a concédé, en
1989, un fort abandonné dans une clairière de HLM, des douves enherbées, un campement de
caravanes et une cathédrale en bois édifiée sur un terrain vague de cette banlieue nord de Paris
où l’opulence est une chimère et le droit de rêver, un devoir. Mais à son école d’art, à son
école de vie, à son pensionnat de cavalières, à l’Académie du spectacle équestre, il a donné, il
y a dix ans, à l’ouest de la capitale, le plus beau château du monde et ses écuries de légende.
Aubervilliers pour la messe du temps présent ; Versailles pour l’opéra des temps futurs.
Désormais, Bartabas le nomade vit à cheval entre la ville du sénateur communiste Jack Ralite
et la place d’Armes du Roi-Soleil, la piste circulaire de Calacas et le manège rectangulaire
des carrousels, les orchestres tziganes et la musique baroque, sa bande de voltigeurs fous et
son gynécée d’écuyères strictes. En équitation, cela s’appelle tout simplement l’équilibre.
Lui qui, à dix-huit ans, les jambes brisées dans un accident de la route, partait seul sur les
chemins du grand Sud, allait observer les rejoneadors piaffant dans l’arène sur leurs
lusitaniens, s’initiait au théâtre de rue avec le Théâtre emporté, parlait aux rats et terrorisait les
badauds avec le Cirque Aligre, où il se baptisa Bartabas le furieux, lui qui s’était fait tout seul,
qui était né de lui-même, qui était son propre pygmalion, a donc fondé une académie où des
filles, et de rares garçons, dont le brillant Emmanuel Dardenne, sont formés à l’art singulier et
total qu’il a inventé. Les élèves n’y apprennent pas seulement à monter selon des lois édictées
jadis par l’Écuyer du Roy, François Robichon de La Guérinière (1688-1751), ils sont aussi
initiés au chant, à la danse, au dessin, à l’escrime, au tir à l’arc japonais (le kyudo), à l’esprit
de groupe, au compagnonnage, à la grande littérature équestre (de François Baucher à Nuno
Oliveira), et surtout à ce qui ne s’enseigne pas, mais à quoi aspirent en secret tous les
écuyers : la grâce. Dix années ont déjà suffi à métamorphoser cette compagnie-école en
véritable corps de ballet équestre pour lequel Bartabas a créé des spectacles d’une
bouleversante beauté. Il faut avoir vu, conduites par l’impériale Laure Guillaume, ces jeunes
écuyères venues de tous les pays du monde s’enrouler voluptueusement autour du piano
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d’Alexandre Tharaud jouant Bach dans le théâtre antique de Fourvière ; il faut les avoir vues
dans l’hivernale abbatiale de Rouen où elles galopaient entre les piliers au son claironnant des
orgues restaurées ; il faut les avoir vues sous la verrière du Grand Palais où elles semblaient
rythmer jusqu’à la folie le Boléro de Ravel ; il faut les avoir vues dans une friche industrielle
de Bruay où elles donnaient superbement la réplique aux danseurs de Carolyn Carlson sur une
musique de Philip Glass ; et il faut encore les avoir vues sur le Bassin de Neptune où, pour le
plus grand bonheur de Bartabas, elles se mariaient enfin aux cavaliers de Zingaro.
Oui, il faut avoir vu tout cela pour mesurer le chemin parcouru et le succès d’une entreprise
artistique sans équivalent. Regardez bien aussi les lusitaniens cremolos aux yeux bleus
qu’elles montent en haute école, ainsi que les sorraias travaillés aux longues rênes : tous ont
maintenant la rondeur, la légèreté, le moelleux et l’allégresse des oeuvres exaucées. Ce que
l’autodidacte Bartabas a transmis à ses disciples, ses disciples le transmettent à leurs chevaux,
qui sont les seuls maîtres et du premier et des seconds.
J.G.
LA GRANDE ÉCURIE
par Jean-François Lasnier
Depuis sa création en 2003, l’Académie du spectacle équestre a pris possession de la Grande
Écurie du château de Versailles. Ce lieu prestigieux, édifié trois siècles plus tôt pour le Roi
par Jules-Hardouin Mansart, a été réhabilité pour sa nouvelle destination.
Disposées face au château sur deux parcelles en trapèze, délimitées par les trois avenues
convergeant vers la Place d’Armes, les Écuries étaient à l’origine séparées en deux entités : la
Petite Écurie réservée aux chevaux de trait, la Grande Écurie aux chevaux de selle. Un parti
identique a dicté l’ordonnancement des façades des deux Ecuries : l’avant-corps central, orné
de sculptures en haut-relief, est relié aux pavillons latéraux par deux ailes dotées d’arcades au
rez-de-chaussée. La pierre de Saint-Leu donne leur solennité à ces façades sur cour, tandis
que les cours intérieures et les façades latérales arborent un plus modeste appareil en brique et
pierre. Le chantier est mené au galop en trois années seulement, de 1679 à 1682, grâce au
doublement des équipes.
À la fin du règne de Louis XIV, les écuries versaillaises abritent près de 700 chevaux, mais ils
ne sont pas seuls : une légion d’écuyers, de palefreniers, de pages et d’artisans assurent
l’entretien des animaux et des équipements. Tous sont logés sur place. Dans la Grande Ecurie,
le Grand Ecuyer, qui en a la charge, dispose d’un appartement, de même que les officiers
chargés des cérémonies comme Lully, et les Trompettes du Roy. Tout au long du règne de
Louis XV, les effectifs ne cessent de croître. À sa mort, en 1774, on compte 1700 chevaux,
dont 785 pour la Grande Ecurie, et près de 2000 personnes sont employées aux Écuries. La
place manque, on s’en doute, mais surtout le coût pour les finances royales devient si lourd
que Louis XVI décide de supprimer la Petite Ecurie en 1787, ce qui permet de ramener le
nombre de chevaux de 2208 à 1195.
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Ces dépenses somptuaires témoignent de la place du cheval dans le mode de vie
aristocratique. Si le cheval de trait est affecté à la locomotion des carrosses, le cheval de selle
est le compagnon indispensable de la chasse, activité favorite des rois, mais aussi l’acteur de
spectacles équestres.
Exceptionnellement, la Grande Ecurie sert de théâtre à ces représentations mises en musique
par Lully. Après le Carrousel des Galans Maures de Grenade en 1685, Monseigneur le
Dauphin fait donner l’année suivante le Carrousel des Galantes Amazones. Pour l’occasion, la
cour de la Grande Ecurie est dépavée et sablée.
Temple du cheval, la Grande Ecurie se mue à l’occasion en salle de spectacle. En effet, le
château n’en disposera pas avant 1770. Lorsqu’en 1682 les intempéries menacent la
représentation du Persée de Lully dans la Cour de Marbre, le musicien fait installer un théâtre
de fortune dans le Manège de la Grande Ecurie. Quelques décennies plus tard, le mariage du
Dauphin avec la fille de Philippe V d’Espagne, le 23 février 1745, donne lieu à de nouveaux
aménagements dans le Manège. Le peintre et décorateur Pierre-Josse Perrot, associé aux
frères Slodtz, sculpteurs et ornemanistes, crée un véritable théâtre à l’italienne, dont
l’exubérant décor rococo ferait presque oublier qu’il n’est construit qu’en matériaux légers.
Malheureusement, le “théâtre aux Ecuries” brûle accidentellement en 1751. Laissé à l’abandon
jusqu’à ce que la charpente s’effondre à la fin du règne de Louis XVI, il ne sera pas restauré
avant 1855.
La Révolution marque le début d’un long déclin : les Ecuries sont désaffectées et servent de
garde-meuble avant d’être mises à la disposition du ministère de la Guerre en 1831. L’armée
ne quittera définitivement les lieux qu’au début des années 1990 ! Inexorablement, les
bâtiments se dégradent faute d’entretien et diverses constructions ajoutées finissent de
dénaturer l’oeuvre d’Hardouin-Mansart.
Au début des années 2000, le président de l’établissement public de Versailles, Hubert Astier,
demande à Bartabas de proposer un projet pour la Grande Ecurie. Le cavalier se tourne alors
naturellement vers Patrick Bouchain, l’architecte qui a bâti pour lui le Théâtre Zingaro à
Aubervilliers. “Quand Bartabas m’a appelé, je n’y ai pas cru”, se souvient ce dernier. En effet,
les contraintes attachées à un monument historique rendaient un projet de ce genre plutôt
hasardeux. Mais, comme le rappelle Bouchain, “à Versailles, les communs ne sont classés que
pour l’enveloppe, ce qui laisse toute liberté à l’intérieur”. Finalement, il se laisse tenter par
l’idée de travailler dans le premier chef-d’oeuvre de Jules Hardouin-Mansart. L’existence de
crédits et d’une volonté institutionnelle rendent le projet possible à condition d’agir vite.
“Alors que j’ai transformé beaucoup de bâtiments industriels en lieux de culture, pour la
première fois j’allais réhabiliter, c’est-à-dire rendre l’Ecurie à sa fonction d’origine”, explique
Bouchain. “L’idée, c’était de présenter l’opération comme une réhabilitation, et non comme
une restauration traditionnelle, et surtout d’insister sur son caractère réversible.”
Le manège est alors dans un triste état.
Les murs ont été juste grattés pour “montrer la trace du vandalisme, mais aussi tout
simplement, la trace de l’histoire”. Pour le manège, Bouchain a choisi un parti très simple,
inspiré de l’histoire : “A Versailles, on ne cessait de monter et de démonter des lambris. Pour
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les fixer aux murs et les adapter aux dimensions de la pièce, on utilisait une structure en bois
appelée ‘fourrure’. Je me suis dit que, dans le Manège, on poserait des fourrures comme si un
décor allait venir.” Celles-ci sont composées de planches de bois brut, dont la simplicité
rappelle à la fois la rapidité de la mise en oeuvre et le caractère nécessairement provisoire de
l’installation. A la demande de Bartabas, l’architecte ajoute des miroirs, qui, avec les opulents
luminaires – des boules composées de feuilles d’acanthe et de chêne en verre de Murano -,
constituent une évidente référence à la Galerie des Glaces.
Face à l’espace scénique, les gradins et les loges occupent un tiers de la surface. Là encore,
Bouchain s’est inspiré des théâtres royaux, en adaptant leur disposition aux temps
démocratiques. L’ensemble de cet aménagement est venu se glisser dans l’enveloppe sans
affecter la structure.
En laissant apparentes les strates d’une histoire mouvementée, l’architecte a su reconnaître
avec modestie le caractère transitoire de sa contribution, simple pierre ajoutée à une oeuvre
collective traversant les générations. Pour les animaux, Bartabas voulait un box confortable. A
l’aide de relevés effectués dans quelques grands haras contemporains, l’architecte a proposé
une véritable synthèse d’architecture équestre française. D’après Bartabas, les chevaux
s’ennuient dans leur écurie ; aussi Bouchain leur a conçu des boxes ajourés, dont le profil
courbe confère à l’alignement une élégante ondulation.
Encarts
1
Point focal de la composition architecturale, l’avant-corps du pavillon du Manège a reçu un
abondant décor sculpté. Sous le fronton orné d’allégories encadrant les armes du roi de
France, les trois chevaux du char d’Apollon, sculptés en haut-relief semblent bondir au-devant
de la façade.
Ce groupe, appelé à une grande postérité, est l’oeuvre du sculpteur Jean Raon.
Sous l’Ancien Régime, les chevaux dans l’écurie n’étaient séparés que par de simples batflancs.
C’est pourquoi il a fallu imaginer un modèle de box original, dont l’éclairage se réfère
malicieusement à la corne d’une licorne.
2
Le peintre Jean-Louis Sauvat nourrit une passion presque obsessionnelle pour le cheval. Il en
a fait la matière de son oeuvre. A l’invitation de Bartabas et de l’architecte Patrick Bouchain,
il a dessiné à même les parois du manège des chevaux à la craie ou au fusain, comme si la
réhabilitation avait révélé l’existence de décors anciens. D’aucuns ont même cru que ces
dessins reproduisaient ceux qu’Eugène Delacroix avait réalisés en son temps dans les Ecuries
versaillaises…
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La troupe des écuyers
par Valérie Bougault
« Un mode de vie. » Lorsqu’on cherche à comprendre, auprès de ses écuyers, ce que
représente pour eux l’Académie du spectacle équestre, c’est la réponse qui revient
spontanément. « Nous travaillons et vivons ensemble notre passion ». « Ce n’est pas une école
où l’on vient se former en attendant de trouver du travail, il n’y a ni cursus, ni diplôme. Cela
s’apparente à un engagement comparable à celui d’un danseur qui entre dans un ballet ».
Engagement que partagent tous écuyers qui évoluent à l’Académie.
Avec le retour des chevaux dans la Grande Écurie, décidé en 2003 par le ministère de la
Culture et l’Établissement public de Versailles, c’est l’Histoire qui se réveille dans le bâtiment
de Jules Hardouin-Mansart : n’a-t-il pas accueilli, en 1680, la création de l’École de
Versailles, berceau de l’équitation savante française qui régna longtemps sur toute l’Europe ?
Sûrement, on y croise les ombres des pages du roi, ces fils de la plus ancienne noblesse
militaire, une épée à la main, en selle sur leurs chevaux fantômes…
Chacun, ici, est conscient de participer à une aventure peu ordinaire. « Il a fallu tout inventer,
rappelle-t-on. Bien sûr, le Cadre Noir de Saumur, l’École espagnole de Vienne existent, mais
ce sont des institutions militaires dont les représentations attestent une parfaite maîtrise
technique du cheval. Nous nous rapprochons d’eux par le respect des bases classiques du
dressage. Mais nous sommes une école d’art, qui forme des cavaliers artistes ». Artistes : un
des maîtres-mots qui résonne sous les voûtes de la Grande Écurie, et dont l’exigence rythme
l’emploi du temps de ce corps de ballet équestre. Le quotidien, pour chaque écuyer, c’est
parfois une promenade (très) matinale dans le parc du Château, apparition évanescente le long
du Grand Canal. C’est surtout, tous les jours, le travail des trois à cinq chevaux dont il est
responsable. « Rien ne peut remplacer ces exercices réguliers, cette écoute de chaque jour au
service de l’animal, de son état physique mais aussi moral. C’est une chance inouïe de
pouvoir les travailler au quotidien. On cherche la justesse et la précision et c’est le sentiment
de sa personnalité qui apparaît peu à peu. L’émotion qui se dégage naît de cette forte
complicité. On grandit avec les chevaux ».
Une sensibilité que les écuyers abordent en commun à travers l’ensemble de leur formation :
la danse, l’escrime, le chant, le kyudo, pratiqués parallèlement à l’équitation. « Lorsque nous
dansons, nous ne sommes pas des cavaliers qui s’initient à la danse, nous sommes des
danseurs. Mais, en même temps, on apprend à communiquer autrement, ce qui a une
répercussion sur notre manière de monter ». La vie à l’Académie est donc celle d’une troupe
dont les voix s’unissent en un seul chant, mais jamais ne se confondent. « Le cavalier est, par
définition, un solitaire, isolé dans sa bulle avec son cheval. Or ici, le regard de l’autre est en
permanence à la disposition de chacun ; une simple phrase, parfois, va débloquer une
difficulté qu’on ne surmonte pas, permettre de passer un cap, d’aller de l’avant. Ensemble,
nous apportons notre sensibilité au moment de la création d’un spectacle, ou d’un changement
dans la Voie de l’Écuyer. Et soudain, cela prend du sens ». L’Académie se construit tous les
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jours sur les progrès que tous réalisent ensemble. Pour les écuyers nouveaux venus, on
transmet les clefs du geste le plus juste possible, mais si dans une discipline, le nouvel
arrivant se révèle plus talentueux, c’est une chance pour l’équipe. Transmission, écoute,
échange sont des mots qui reviennent souvent : « Quelqu’un qui était revenu voir La Voie de
l’écuyer m’a fait le plus beau compliment possible en remarquant qu’on ne voyait plus guère
de différence entre les cavalières, que l’unité avait pris le dessus ». Une même direction, des
cheminements singuliers… Le temps, surtout, de les mettre en oeuvre, le temps d’apprendre
sur soi-même et sur l’animal, le temps, cet allié royal qui, subtilement, lentement, transforme
l’ascèse d’une vie emplie de doute et de passion en joie absolue.
Chevaux
par Valérie Bougault
Son oeil bleu semble regarder un monde de lui seul connu. Sa robe crème, sur laquelle
frissonnent quelques reflets roses, en a fait l’emblème de l’Académie du spectacle équestre :
le lusitanien, cependant, vient de très loin puisqu’on dit parfois qu’il est le plus ancien cheval
de selle du monde. Longtemps cheval de guerre par excellence, il a fait, au XVIIIe siècle, la
gloire de l’École de Versailles. Juste retour, il enchante de nouveau la Grande Écurie par ses
belles allures relevées et son talent pour les airs de Haute École. Les premiers d’entre eux sont
venus du théâtre équestre Zingaro où ils jouaient dans le spectacle Triptyk. Les autres ont
intégré l’Académie au gré des coups de coeur ; arrivés poulains, ils sont d’abord présentés en
liberté dans le spectacle puis, dressés par les écuyers, ils intègrent progressivement les
représentations en fonctions de leur évolution. Un troupeau de criollos venus d’Argentine les
a rejoints ; ces cousins de cheval de polo sont dédiés à l’escrime à cheval. Quant aux sorraias,
petits chevaux de la péninsule Ibérique, ils appartiennent à une race en voie de disparition, et
sont présentés aux longues rênes. Enfin, les quarter horses apportent leur touche de puissance
et d’agilité illustrant ainsi la philosophie de cette Académie : chaque cheval est un caractère
particulier et son dressage doit mettre sa singularité en valeur. Chaque écuyer se voit confier
un piquet de quatre à cinq chevaux. Ils en assurent aussi bien le dressage et l’apprentissage au
spectacle que l’entretien et les soins quotidiens.
L’Enseignement
par Valérie Bougault
À l’Académie, l’art équestre se nourrit de bien d’autres choses que d’équitation, puisque le
principe fondateur était de lier l’apprentissage du dressage de Haute École à celui d’autres
disciplines artistiques : chant individuel ou choral, pilates, danse, kyudo, escrime. Stéphanie
Chatton construit ses cours de danse autour de techniques corporelles qui travaillent
l’assouplissement, le souffle, l’écoute musicale, le déplacement.
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Marie-Clémence Perrot aborde l’escrime comme une philosophie. La discipline suppose
précision, disponibilité, écoute de soi-même et de l’autre : « Si le geste n’est pas exact, le
combattant perd l’avantage et, jadis, il perdait la vie. Dans la salle d’armes comme dans le
manège, il faut maîtriser l’intention pour atteindre une parfaite exécution. Alors, on habite le
geste avec légèreté, poésie, c’est-à-dire qu’on atteint la grâce ».
Même écho chez Dominique et Thierry Guillemain d’Echon qui enseignent, depuis 2005 à
Versailles, le kyudo, la voie de l’arc traditionnel japonais, dans la pure tradition de cet art
millénaire. « On trouve beaucoup de points communs avec l’art du cavalier, et d’abord celui
du placement juste autour du centre de gravité, le hara, comparable à ce que l’on nomme
l’assiette du cavalier. C’est à partir de ce point qu’on doit trouver la force pour tendre l’arc, et
ce travail sur la verticalité suppose le lâcher-prise, c’est-à-dire, l’abandon de l’ego volontaire.
La vraie cible du kyudojin, c’est son moi profond ».
Le spectacle de répertoire
par Valérie Bougault
Si, l’Académie consacre la semaine à la formation, les samedis et dimanches, le spectacle
exerce tous ses droits. […]
L’Académie équestre de Versailles montre son répertoire dans La Voie de l’écuyer, qui a
enregistré évolutions et enrichissements depuis les débuts en 2003. Vêtus par le couturier
Dries van Noten – sobres vestes de lin en camaïeux vert à brun ou ocre aux manches
rebrodées, pantalon gris, ceinture de soie rayée- les écuyers évoluent pendant une heure vingt
sur une mise en scène qu’ils ont imaginée avec Bartabas. Le thème ? Bartabas a coutume de
dire à ses cavaliers : le sujet de cette reprise musicale, c’est vous. Autrement dit, l’Académie,
sa philosophie, son enseignement, son regard sur la transmission des savoirs et des émotions,
ce parcours de cavaliers artistes qui n’en finissent jamais d’apprendre, toujours en route,
toujours déroulant les variations infinies d’un art éphémère. Çà et là résonne la voix de
comédiens ponctuant les tableaux de commentaires des grands maîtres de l’équitation –
Oliveira (1925-1989), L’Hotte (1825-1904), Baucher 1796-1873), Beudant (1863-1949).
Certains semblent avoir été écrits pour la Voie de l’écuyer : « Le dressage, c’est le
perfectionnement de trois allures naturelles du cheval. L’art équestre, c’est la poésie de tout
cela » (Oliveira). Et la musique de Jean-Sébastien Bach accompagne fidèlement toutes les
allures. Dans le théâtre de bois clair, ses accords se déversent, rigoureux et fluides, d’une
évidence égale à celle des figures légères qui évoluent sur la piste. Le Preludio de la 3e Partita
suit les esquives des escrimeurs à pied, la Sarabande de la Suite n°2 accompagne le pas en
main et la Suite n°3 pour violoncelle, le pas de trois. On jurerait que les sorraïas gris aux
longues rênes rouges calquent leur pas sur l’allegro de la Partie III, précédant de quelques
instants les accents grave du « Christ lag in Todesbanden ». Et lorsque les cavalières
entonnent une valse russe, lente et triste, longtemps après qu’elles sont sorties du manège,
leurs paroles continuent de résonner et leur chant profond entre dans notre être. Mais qu’il
s’agisse du tête-à-tête doux entre l’écuyer à pied et sa monture, et qu’on serait tenté de
qualifier d’amoureux s’il n’y apparaissait tant de pudeur et de respect, ou du mouvement
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ample et solennel des « kyudojin », aucun tableau n’étonne autant que celui qui livre au public
cinq lusitaniens en liberté. Caracolant, ruant, piaffant sur un rythme quasi sacré, les voici
détachés de toute main, fût-elle pleine de ce « tact équestre » qui est un autre mot pour «
sentiment ». Les voici libérés de toute contrainte mais tout de même en représentation, et on
jurerait que certains d’entre eux se contemplent dans les grands miroirs latéraux, pas
mécontents de l’image qu’ils y trouvent. Bientôt, les robes blondes sont toutes tachées du
sable dans lequel ils se roulent, et cela leur fait de vastes imprimés ton sur ton, tatouages d’un
langage venu de la nuit des temps, dont on aurait perdu le sens. Et c’est avec stupéfaction
qu’on les voit rejoindre, compagnons amicaux, leurs écuyères entrées sur la piste, jeunes filles
en fleurs dont les longues jupes rouges, affalées sur le sol, leur font autour d’elles une vaste
corolle. Alors oui, on repasse en mémoire le si juste propos de Nuno Oliveira : « Animal
merveilleux, le cheval mérite de celui qui le monte la compréhension de son caractère et de
ses possibilités. L’équitation est une école d’abnégation et d’humilité. Sa pratique, si elle est
bien menée, rend l’humain meilleur ».
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14 ans de création
Depuis quatorze ans, Bartabas signe des mises en scène pour l’Académie équestre nationale
du domaine de Versailles dans des lieux atypiques, parfois en collaboration avec des artistes
venus d’autres horizons.
Dans le cadre des Fêtes de Nuit, sur le Bassin de Neptune du parc de Versailles en associant
l’Académie et le théâtre Zingaro pour trois grands spectacles : Le chevalier de Saint-George,
un Africain à la cour (2004), Voyage aux Indes Galantes (2005), Les Juments de la Nuit
(2008)
Aux Nuits de Fourvière à Lyon dans le théâtre antique : Récital équestre avec le pianiste
Alexandre Tharaud (2006), Partitions équestres avec les saxophonistes d’Ossia sur une
partition de Philip Glass (2008).
Pour le Festival Automne en Normandie, à l’Abbatiale Saint-Ouen de Rouen : Liturgie
équestre (2009) avec Benat Achiary et Vincent Dubois
Sous la nef du Grand Palais, pour le Saut Hermès : Charivari équestre (2009), Le temps
devant soi (2012), Métamorphosis (2014) et La nature au galop (2016).
En 2014, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la relation diplomatique entre la
France et la Chine et en prémisse du nouvel an chinois placé sous le signe du
Cheval, l’événement Nuit de Chine organisé au Grand Palais de Paris, a accueilli une création
inédite et éponyme de Bartabas pour l’Académie équestre de Versailles.
Avec Carolyn Carlson et le Centre chorégraphique national de Roubaix-Nord Pas de Calais,
en 2011 : We were horses, créé à Bruay-la-Bussière, dans le cadre de Béthune capitale
régionale de la culture, puis en tournée aux Nuits de Fourvière et au Monaco Dance Forum.
Reprise du spectacle à la Grande Halle de la Villette en 2013.
Pour la semaine Mozart à Salbourg, Bartabas a mise en selle et chorégraphié deux
spectacles au Manège des Rochers : Davide penitente en 2015 et le Requiem en 2017, sous la
baguette de Marc Minkowski avec les Musiciens du Louvre Grenoble et le Salzburger
Bachchor.

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