Editions Préludes

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Le nouveau livre de Nicolas Delesalle, Le Goût du large,  sortira le 6 janvier prochain aux éditions Préludes. Son premier roman, Un parfum d’herbe coupée s’est vendu à 12000 exemplaires en France. Permettez-moi de vous recommander Le Goût du large, son nouveau livre.

L’auteur nous ouvre son carnet de bord réalisé lors d’un périple en cargo, en juillet dernier. D’Anvers à Istanbul, Nicolas fait le récit de ses dix jours de traversée. Ce voyage où le temps semble suspendu lui permet d’évoquer ses souvenirs de reporter avec des moments d’une grande force remplis d’espoir et de désespoir. On le retrouve notamment à Kaboul, au Niger, près de Millau mais aussi en Egypte, en Côte d’Ivoire et à Kobané.

Ce livre va vous surprendre, on y apprend énormément tout en passant par différentes émotions.

Voici quelques extraits :

“Mon rapport au temps se distend, mon rapport aux gens se renforce, je me sens à la fois immensément minuscule  et présent à moi-même comme rarement. Pour la première fois depuis des années, je m’entends respirer et l’ennui ne m’ennuie pas. En quittant Glenn, je suis monté sur la tourelle la plus haute du cargo, là où tournicotent les antennes radar. Je dominais tout le bateau qui avançait dans la nuit et, pendant quelques secondes, je ne me suis pas senti minuscule. Non, je faisais partie du tableau, j’étais lié à l’océan et à l’immensité du ciel étoilé, j’avais gagné ma place.” page 87

“C’est l’histoire d’un camion russe et d’un camion afghan qui se font face sur une étroite piste de montagne. Ils ne peuvent pas passer. Quelqu’un doit reculer. Personne ne bouge. Le temps passe. Les chauffeurs coupent leur moteur. Ils attendent orgueilleux, le dénouement de ce bras de fer psychologique. Soudain, ostensiblement, le Russe sort d’une sacoche un livre. La Guerre et la Paix de Tolstoï. Il entame sa lecture, à la page une, bien en vue de l’Afghan. Dans sa cabine, l’Afghan jauge la scène, puis ouvre la porte et descend de son camion. Il marche nonchalamment jusqu’à la fenêtre du chauffeur russe et lui dit d’un ton piqué de curiosité : “ça a l’air bien. Tu me le passeras quand tu l’auras fini ?” page 115

“Elle paraît un siècle ou deux, elle doit avoir 60 ou 65 ans. elle porte dans chacun de ses bras des bébés minuscules : Asma et Asmara. Des jumeaux. Un garçon et une fille. Prématurés. Ils ont une semaine. La maman est morte en couches comme une femme sur sept au Niger. Le père est nulle part, comme sept hommes sur sept en Afrique subsaharienne. À côté de la grand-mère, une grande sœur de huit ou neuf ans. Le responsable d’Oxfam nous explique qu’elle n’est jamais sortie de son village (…) Une règle non écrite régit le boulot des journalistes qui viennent suer en Afrique. Il ne faut pas intervenir. Jamais. alors moi, je dis : « Jean-Claude, tu crois qu’on peut les prendre pour les ramener au centre MSF de Maradi ? » Jean-Claude ne dit pas non. Ne dit pas oui. Il a beaucoup plus d’expérience que moi, mais il ne dit rien. Juste : « Comme tu veux. » Mohamed, le chauffeur, m’a entendu et se transforme instantanément en figue séchée. Il ne sourit pas, non, il me regarde avec terreur. L’idée de convoyer une famille de la brousse avec des bébés qui vomissent dans sa voiture le rend fou. J’hésite. Je sais que je ne suis pas un héros et que je ne vais sauver personne. Je suis reporter. Point. Je sais que des enfants meurent tous les jours ici, que ces petites vies sont probablement condamnées, de toute façon. J’ai compris que la vie ne valait pas grand-chose par ici. Qu’en Afrique, les petits idéaux d’occidental fondaient en flaques de sueur ou de larmes et s’évaporaient aussitôt (…) Ne pas intervenir. Intervenir. Ne pas intervenir. Intervenir. Ne pas intervenir. Intervenir. Il y a un centre MSF à trois heures de piste d’ici. trois petites heures. Putain. on intervient.” pages 131 à 133

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