Lawrence Ferlinghetti  nous a quittés RIP

Lawrence Ferlinghetti

 

Lawrence Ferlinghetti ( – ) est un poète américain, également connu comme co-fondateur de la librairie City Lights Booksellers & Publishers et d’une maison d’édition du même nom qui a fait paraître les travaux littéraires des poètes de la Beat Generation, dont Jack Kerouac et Allen Ginsberg.

Biographie[modifier | modifier le code]

Lawrence Ferlinghetti, né Lawrence Ferling au sein d’une famille d’immigrés à Yonkers (État de New York), est le dernier-né des cinq enfants. Son père, un immigrant venu de Lombardie dans les années 1890, avait quitté le quartier italien de Brooklyn où il travaillait comme commissaire-priseur, avec sa famille, pour s’installer à Yonkers. Ce père est mort peu avant sa naissance. Sa mère était la fille d’une Française et d’un Juif séfarade dont la famille avait émigré aux Pays-Bas et dans les îles Vierges avant d’arriver à New York. Son grand-père maternel était un enseignant1. Sa mère est accablé de chagrin et de soucis à la mort de son mari, et doit être hospitalisée. Une tante le prend en charge, l’emmène en France à Strasbourg, pendant les années préscolaires, puis revient aux États-Unis, et ils s’installent à Bronxville où elle a trouvé du travail. Il y trouve une famille adoptive, les Bisland. Sa mère lui propose de le reprendre avec elle, mais il choisit de rester avec cette famille adoptive1.

Plus tard, il poursuit ses études à l’université de Chapel Hill en Caroline du Nord jusqu’en 19411 (il y obtient une licence de journalisme), puis devient officier dans la marine des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale1. Après la guerre, il obtient un diplôme de Master à l’université Columbia et un doctorat de la Sorbonne. Il fait la connaissance de sa future femme, Selden Kirby-Smith, petite-fille d’Edmund Kirby Smith, en 1946 à bord d’un navire en route pour la France1,2. Ils se rendent tous deux à Paris pour étudier à la Sorbonne. À Paris, il découvre les surréalistes, comme André BretonAntonin Artaud, ou Prévert3. Il se marie en 19511. Sa thèse de doctorat en littérature comparée porte sur la ville comme symbole de la poésie moderne2. Alors qu’il est étudiant à Paris, il fait également la rencontre de Kenneth Rexroth, qui, ultérieurement, le persuadera d’aller à San Francisco pour profiter du dynamisme de la scène littéraire de cette région1.

Entre 1951 et 1953, il enseigne le français, fait des critiques littéraires, et peint. En 1953, Ferlinghetti et Peter D. Martin (en) ouvrent une librairie à San Francisco, qu’ils appellent City Lights, en pleine période de maccarthyste. Deux ans plus tard, en 1955, il choisit de se faire appeler désormais Ferlinghetti : Lawrence Ferling devient ainsi Lawrence Ferlinghetti1. En 1955 toujours, suite au départ de Peter D. Martin pour New York, Ferlinghetti ouvre une maison d’édition spécialisée en poésie, et dont la publication la plus célèbre est Howl d’Allen Ginsberg. Mais cette œuvre est critiquée suite à sa publication; pour obscénité. L’auteur et L’éditeur sont traînés en justice, dans un procès très médiatisé et resté historique. Le tribunal récuse leurs accusateurs4,5,6Howl devient le best-seller de cette nouvelle maison d’édition, appelée City Lights comme la librairie6.Cette maison adopte également un format de poche, le Pocket Poets (en), à une époque où un tel format de poche n’était pas considéré comme adapté pour la littérature. Il a publié de nombreux poètes, et a lui-même écrit de la poésie6. Lawrence Ferlinghetti a fréquenté le cercle anarchiste animé par son ami Kenneth Rexroth, poète et essayiste, où se rencontrent des poètes, des musiciens, des peintres, des contestataires, et tout un ensemble de personnes, quelquefois considéré comme une « faune asociale », à laquelle Jack Kerouac va donner le nom de Beat Generation. C’est aussi un mouvement littéraire et artistique5.

Lui-même se décrit comme un anarchiste moral, engagé dans sa communauté, mais il pense que l’humanité n’est pas encore prête à vivre tout à fait en conformité avec l’anarchisme. Par conséquent, il préfère le genre de social-démocratie que l’on connait dans les pays scandinaves7.

En 2009, Lawrence Ferlinghetti devient Membre Honoraire du mouvement artistique littéraire Immagine & Poesia, fondé à TurinItalie8.

L’exposition 60 years of painting (60 ans de peinture) — qui se tint en Italie en  (Rome en février-avril et Reggio Calabria en mai), — témoigne de l’intérêt de Ferlinghetti pour le binôme « poésie – peinture », en dévoilant ses œuvres.

Plaque décernée pour le Prix de carrière le  lors de la XIVe édition du Prix des Arts Littéraires de la Métropole de Turin, en Italie

Sa poésie[modifier | modifier le code]

Lawrence Ferlinghetti et la jeune Sylvia Whitman devant la librairie Shakespeare and Company en 1991

L’œuvre poétique la plus connue de Ferlinghetti est Coney Island of the Mind, qui a été traduite en neuf langues. En 1998 il est nommé Poet Laureate de San Francisco. Il continue d’écrire de la poésie et participe au fonctionnement de la librairie et de sa maison d’édition. Ne se contentant pas seulement de s’engager dans la littérature, Ferlinghetti continue aussi de peindre. Ses tableaux sont souvent exposés dans les galeries et les musées à San Francisco et ailleurs.

La poésie de Ferlinghetti aborde souvent la politique et les grands débats sociaux. Il est partisan d’un art non élitique, qui reste populaire5. Le groupe italien Timoria lui a consacré une chanson, intitulée Ferlinghetti Blues (dans leur album El Topo Grand Hotel), et Ferlinghetti lui-même y a enregistré un de ses poèmes.

Enregistrements sonores[modifier | modifier le code]

  • 1958 : Poetry Readings In The Cellar ∫ Fantasy Records F-7002
  • 1959 : Tentative Description Of A Dinner Given To Promote The Impeachment Of President Eisenhower, And Other Poems ∫ Fantasy Records F-7004
  • 1961 : The Great Chinese Dragon And Other Poems ∫ Fantasy Records F-7010
  • 1969 : Ferlinghetti ∫ Fantasy Records F-7014 (compilation ? )

Publications[modifier | modifier le code]

En anglais[modifier | modifier le code]

  • Pictures of the Gone World ; San Francisco: City Lights 1955
  • A Coney Island of the Mind ; New York: New Directions 1958
  • Her ; New York: New Directions 1960
  • Routines ; New York: New Directions 1964
  • An Eye on the World, Selected Poems ; MacGibbon & Kee 1967
  • Back Roads to Far Places ; New York: New Directions 1971
  • Open Eye, Open Heart ; New York: New Directions 1973
  • Who Are We Now? ; New York: New Directions 1976
  • Endless Life, Selected Poems ; New York: New Directions 1981
  • Over All the Obscene Boundaries,European Poems and Transitions ; New York: New Directions 1984
  • When I Look at Pictures ; Peregrine Smith Books 1990
  • A Far Rockaway of the Heart ; New York: New Directions 1997
  • How to Paint Sunlight ; New York: New Directions 2001
  • Americus Book I ; New York: New Directions 2004
  • Americus Book I ; New York: New Directions 2004
  • Poetry as Insurgent Art ; New York: New Directions 2007

En français[modifier | modifier le code]

  • Amant des gares (poèmes directement écrits en français), Le Temps des Cerises, 1990
  • Poète aveugle (traduit de l’américain par Marianne Costa), éd. Maëlstrom, en coédition avec Le Veilleur éditions, 2004.
  • Bookleg # 2: Démocratie totalitaire (traduit de l’américain par Marianne Costa), éd. Maelström, 2005.
  • Breeding blues/Le blues de la reproduction (traduit de l’américain et adapté par Pierre Guéry, site internet des éditions Le Mort Qui Trompe, 2006
  • A Coney Island of the Mind et autres poèmes (traduit de l’américain par Marianne Costa), éd. maelstrÖm reEvolution, 2008.
  • Poésie Art de l’Insurrection (traduit de l’américain par Marianne Costa), éd. maelstrÖm reEvolution, 2012
  • La nuit mexicaine (traduit de l’américain par Daniel Blanchard), éd. L’une et l’autre, 2013
  • La Vie vagabonde – Carnets de route 1960-2010, Seuil, 2019
  • Breeding blues (traduit de l’américain par Nicolas Mauriac), éditions Derrière la salle de bains, sans date

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michael Skau, Constantly Risking Absurdity: The Writings of Lawrence Ferlinghetti, Whitson, 1989
  • Neeli Cherkovski, Ferlinghetti: A Biography, Doubleday, 1979
  • Larry R. Smith, Lawrence Ferlinghetti: Poet-at-Large, Southern Illinois University Press, 1983

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. ↑ Revenir plus haut en :a b c d e f g et h (en) Blossom Steinberg Kirschenbaum, « Lawrence Ferlinghetti’s italianità » [archive], sur le site du Brooklyn College English Department, Université de la ville de New York
  2. ↑ Revenir plus haut en :a et b (en) Julian Guthrie, « Lawrence Ferlinghetti’s indelible image »SFGate,‎  (lire en ligne [archive])
  3.  John Freeman (trad. Pierre Ducrozet), « Beat Conservation : Ferlinghetti a 100 ans », Libération,‎  (lire en ligne [archive])
  4.  (en) Fred Kaplan, « How ‘Howl’ Changed the World »Slate,‎  (ISSN 1091-2339lire en ligne [archive])
  5. ↑ Revenir plus haut en :a b et c Jean-Jacques Lebel, « Lawrence Ferlinghetti, poète populiste », Le Monde,‎  (lire en ligne [archive])
  6. ↑ Revenir plus haut en :a b et c Claudine Mulard, « Lawrence Ferlinghetti, le dernier des beat », Le Monde,‎  (lire en ligne [archive])
  7.  Christopher Felver, 1996, The Coney Island of Lawrence Ferlinghetti, San Francisco, Mystic Fire Video [film documentaire].
  8.  (en) Immagine & Poesia. Lawrence Ferlinghetti and Ugo Nespolo [archive]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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