Le duo d’artistes néerlandais Les Deux Garçons expose à Maastricht, Bruxelles, Hambourg et Miami

‘Nous sommes de véritables enfants du melting-pot international du Limbourg et de ses alentours’

Le duo d’artistes limbourgeois Les Deux Garçons ‘se classe sous la catégorie des Néerlandais les moins néerlandais’ : cette citation issue de l’exposition ‘Pure’, actuellement en cours au Museum aan het Vrijthof (Maastricht), en dit déjà long sur les artistes. Mais leur œuvre annexe ‘Tirer’ – qui rassemble trois poignées identiques destinées à la chasse d’une toilette avec un texte en néerlandais, français et allemand – illustre tout aussi parfaitement le mode de vie et de travail insolite adopté par Michel Vanderheijden Van Tinteren en Roel Moonen. Depuis leur atelier à Landgraaf (Parkstad Limburg), ils ont le reste du monde à portée de main – au sens propre comme au figuré. Et cette proximité porte ses fruits : leur art spectaculaire est apprécié (et vendu) à l’échelle internationale, et des expositions à Bruxelles, Hambourg et Miami figurent notamment au planning de 2016. Tant et si bien que ‘Pure’ constituera la dernière opportunité avant un certain temps de découvrir l’œuvre de Les Deux Garçons dans leur berceau limbourgeois.

Chez soi

Malgré que leur succès leur vaille une entrée dans les cercles (internationaux) les plus prisés, Michel et Roel s’enthousiasment avanttout pour la région où ils vivent et travaillent. La situation particulière de Landgraaf, à côté de la frontière belge et allemande, a même, selon eux, joué un rôle clé dans leur réussite. « Ici, on est à quelques heures à peine en voiture de Bruxelles, Paris, Düsseldorf, Cologne, Anvers, et bien d’autres villes encore. Aix-la-Chapelle et Hasselt sont derrière le coin. D’où le fait que nous parlions leurs langues et créons ainsi plus facilement des contacts au-delà de la frontière, » explique Michel. « Qui plus est, on peut retrouver l’influence de toutes ces cultures et magnifique cités qui nous entourent dans notre travail. Partout où nous allons, nous achetons du matériel qui nous inspire. Nous sommes  de véritables enfants du melting-pot du Limbourg et de ses alentours. Et cela nous rend extrêmement heureux. On nous demande souvent si on ne voudrait pas déménager vers une grande ville européenne, mais le Limbourg nous manquerait beaucoup trop. Nous empruntons volontiers les routes internationales, mais c’est à Landgraaf que nous sommes chez nous. »

Message

Ou comme le dit très bien un des textes qui accompagnent l’exposition ‘Pure’ : « La minutie allemande, la joie de vivre belge et la mentalité directe des Néerlandais forment le fil rouge de l’œuvre Tirer ». Et cela vaut d’ailleurs aussi pour de nombreuses autres réalisations de Les Deux Garçons, composées principalement d’œuvres d’art en bronze, d’objets trouvés, d’animaux empaillés (souvent sous la forme de jumeaux siamois, leur marque de fabrique symbolisant le fait que chaque être humain dispose de traits de caractère propres acquis au fil du temps) et de collages, mais aussi de présentations, de décors et de costumes. Les combinaisons qui naissent des cerveaux créatifs de Michel et Roel livrent des œuvres souvent iconiques, mais parfois aussi critiquées, en particulier quand il est question de taxidermie. « Nous ne voulons jamais choquer, mais plutôt transmettre un message, » précise Roel. « Par exemple que nous, êtres humains, nous séparons de plus en plus de la nature. Pourquoi est-ce qu’une conserve contenant un œil d’animal est perturbante, mais une conserve de pâté ne l’est pas ? C’est ce déclic dans la tête des gens que nous voulons provoquer. » Michel ajoute : « Ainsi, notre ours blanc crucifié au mur (à voir également dans ‘Pure’, ndlr) représente le réchauffement de la terre, dont l’ours polaire est une victime bien connue. Il assume donc les péchés de l’homme, et c’est ce que nous avons voulu représenter. »

Religion propre

Une des œuvres les plus connues de Les Deux Garçons est La Pièta, composée de deux chimpanzés (une interprétation de la Pièta de Michel-Ange). « Le symbole par excellence de la religion de Les Deux Garçons, » annonce Michel. « Nous sommes nés et avons grandi au Limbourg et avons donc toujours été éduqués dans la foi catholique. Au fil du temps, nous avons toutefois commencé à croire davantage en la théorie de l’évolution de Darwin, et nous avons finalement combiné ces deux influences en notre propre ‘religion’. » Qui, à son tour, leur a inspiré la création de la statue d’un chimpanzé pleurant manifestement le décès d’un de ses semblables. Une œuvre que les artistes pourraient vendre et revendre à souhait, nous disent-ils. Leur Pièta est donc populaire, mais aussi intense. « Il s’agit d’une de nos statues les plus impressionnantes, donc nous comprenons parfaitement la controverse qu’elle suscite. C’est aussi pour cette raison qu’elle n’est exposée que dans la dernière salle du Museum aan het Vrijthof. Ce n’est qu’à la fin que l’on peut sans doute y faire face, » suggère Roel. Par ailleurs, cet exemplaire unique de la Pièta est exposé à titre de prêt (car vendu il y a quelques temps déjà à Baltimore), comme c’est le cas de 80% des œuvres à découvrir à l’occasion de ‘Pure’. Cet échantillon représentatif de leur travail peut encore être admiré jusqu’au 6 juin 2016, au Museum aan het Vrijthof. Simultanément, quelque quarante collages de Les Deux Garçons sont aussi exposés dans la galerie toute proche DIS.

PURE

Avec déjà plus de sept mille visiteurs, à mi-chemin à peine de la durée de l’exposition (début mai 2016), ‘PURE’ peut d’ores et déjà être qualifié de ‘grand succès pour notre petit musée’, nous dit Daphne Schrader, collaboratrice Marketing & Communication du Museum aan het Vrijthof : « Nous sommes très fiers des réactions enthousiastes et positives des visiteurs. » Le Museum aan hetVrijthof est un musée privé qui a vu le jour en 2012 et a d’emblée adopté une trajectoire à part. Tous les trois à quatre mois, il accueille une nouvelle exposition temporaire, souvent à l’accent international. Les combinaisons surprenantes, les regards étonnantset les collaborations non conventionnelles forment le fil rouge. Par cette approche, le musée veut apporter une valeur ajoutée à sa région, aux visiteurs et aux habitants. www.museumaanhetvrijthof.nl.

Photos Les Deux Garçons : Bureau Strictua.