30 ans à peine, mais déjà une bonne dizaine d’années au service de la musique. Voire plus, car Louis est d’abord un musicien. Après des années passées au Conservatoire, section violon et piano, à 17 ans, il intègre un orchestre qui désire constituer un répertoire allant des grands compositeurs classiques à la musique issue des folklores du Caucase.
« C’était une expérience géniale, mais je n’aurais pas pu devenir un musicien classique. J’étais attiré par trop de choses différentes… » Etudiant à la faculté de Paris 8 en musicologie, la découverte de la création électro-acoustique sera révélatrice, Louis commence à se monter son propre studio d’enregistrement. Il a 18 ans. « J’aime quand la musique t’entoure, qu’elle te fait face, mais aussi quand elle surgit dans ton dos… Je commence alors à me poser de nombreuses questions sur la musique d’aujourd’hui, sur son cheminement, mais aussi sur la manière de la transcender lorsqu’on l’enregistre. »
Louis s’inscrit dans une école d’ingénieur du son, la SAE. Au bout de six mois, le Directeur contacté par l’agent du groupe Air à la recherche du meilleur élève de sa promotion lui propose un stage. « Au début j’étais l’assistant, sur les sessions de Love 2 tout d’abord, puis j’ai mixé le suivant Le Voyage Dans La Lune. Dix ans plus tard, Louis accompagne toujours Nicolas Godin et a mixé récemment son disque solo sorti l’année dernière.
“Entre temps, j’ai aussi travaillé sur de nombreuses publicités avec Jean-Paul Goude, pour Chanel, Kenzo, H&M, plusieurs défilés de mode… Soit avec eux, soit de mon côté en tant qu’ingénieur du son ou réalisateur. Mes meilleurs souvenirs restants ce concert hommage au Velvet Underground avec Nigel Godrich, les Hot Rats (groupe de Gaz Coombes et Danny Goffey) et Feist où j’ai joué du violon sur scène, et une séance en studio avec Thom Yorke et Nigel Godrich…».
La pop de Louis est un mélange de deux mondes, celui d’un savoir-faire vintage, il s’accompagne d’un matériel d’époque, un authentique Rhodes de 1979, mais définitivement ancré dans son époque par ces habillages électronique qu’il envoie entre deux phrases. Des bidouillages qui éclairent ces chansons d’une lueur sombre mais profondément éblouissante. « Mes goûts musicaux sont partagées entre Nine Inch Nails et Radiohead, Einstürzende Neubauten ou Throbbing Gristle, sans oublier Alain Chamfort ou Noir Désir… » Le nom de Bertrand Burgalat s’invite alors dans la conversation, ainé de Louis sa démarche esthétique présente de nombreux points communs.
« J’aimerais surtout réussir à réunir ces univers dans ma chanson française, rassembler les références culturelles littéraires ou musicales mais également expérimentales qui m’ont marqué. Proposer une chanson française différente car personnifiée. Je pense qu’on peut encore aller très très loin, car ce n’est pas parce que l’on ose des expérimentations sonores qu’on va oublier notre identité littéraire. Il ne faut pas oublier que les anglo-saxons enregistrent souvent en France, ils viennent chez nous pour cette particularité. A nous de leur montrer qu’ils ont raison de nous envier… » Un dernier nom sonne comme une évidence, un modèle, celui de Christophe. Louis est prêt pour le grand saut.
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