Louis Dalmas Les Fossoyeurs de l’ occident « aux Editions APOPSIX

LE MOMENT DE VERITE – de Louis Dalmas
« Les Fossoyeurs de l’ occident « aux Editions APOPSIX
Il arrive parfois dans la vie que les simulacres cessent de faire illusion, que les mensonges soient mis à nu, que la réalité perce les mises en scène. C’est ce qu’on appelle le moment de vérité. En politique, l’instant où le ras-le-bol citoyen fait voler en éclats la façade du pouvoir. Il semble que nous nous approchions de cette explosion.
Depuis des années, dans nos livres et dans notre journal B. I., nous multiplions les avertissements. Le faille n’a cessé de se creuser entre dominants et dominés, entre la masse anonyme et les “élites” de la société.
L’ensemble commence à craquer. La fissure est devenue gouffre. Le peuple ne croit plus en ses gouvernements. L’erreur est d’attribuer la rupture à une idéologie ou un parti. C’est un phénomène beaucoup plus profond, qui dépasse les étiquettes. Hollande en subit les effets et y contribue, mais il n’en est pas le seul responsable. Il n’est qu’en bout de ligne. Sarkozy, et tous ceux qui ont contribué au déclin de la France depuis de Gaulle – les ministres, les médias, les intellectuels, les grands patrons – en sont les artisans autant que lui. La perte de confiance est générale. La preuve en est qu’elle ne profite pas aux opposants : la révolte s’exprime de façon désordonnée par la colère ou l’abstention, pas par l’adhésion à un renouveau.
Trois facteurs de cette crise de la démocratie occidentale sautent aux yeux. L’atlantisme, le pouvoir des banques, l’austérité.
L’atlantisme. La soumission aveugle à l’hégémonie anglo-saxonne, qui a vu Washington prendre la place de Londres dans l’effort de domination mondiale, a fondu la souveraineté française dans l’usine à gaz européenne, elle-même entraînée par l’OTAN dans des guerres criminelles et coûteuses. L’électeur ordinaire, même s’il ne s’intéresse pas à la politique étrangère ou n’y comprend pas grand’chose, sent bien que le nouvel ordre mondial coûte cher. Il se rend aussi compte qu’en supprimant la Yougoslavie, l’Irak et la Libye on a éliminé pour des intérêts stratégiques ou pétroliers étrangers de grands pays voulant préserver leur indépendance. Et pour peu qu’il fouille un peu plus, il réalisera que la destruction de la Syrie ruinera un pays arabe laïque de plus parmi ceux qui barraient la route aux fanatiques mu-sulmans. La France a foncé tête baissée dans ces aventures en dilapidant son argent, avec une docilité proaméricaine qui ôte toute crédibilité à ses gouvernements.
Le pouvoir des banques. “Si vous avez une arme, vous pouvez dévaliser une banque. Si vous avez une banque, vous pouvez dévaliser tout le monde”, disait l’humoriste et animateur de TV américain Bill Maher. Inutile de rappeler l’histoire de la crise économique, entièrement due aux méfaits des géants de Wall Street et de la City. Ils se sont enrichis en saignant l’Occident. Tous les Français le savent. Mais ce qui les irrite, c’est l’absence totale de résistance de nos gouvernements, capables de trouver obséquieusement en une seconde, pour renflouer les “bangsters”, les milliards qui manquent aux modestes budgets des honnêtes gens. Là encore nos politiciens déçoivent : pas plus qu’ils n’ont le courage de s’affranchir de la tutelle des Etats-Unis, préférant faire les guerres de l’oncle Sam par procuration, ils n’ont celui de se libérer des dettes qui étranglent notre pays, préférant l’asphyxie des pauvres à la taxation des riches.
L’austérité. C’est sans doute l’élément capital. Pris dans leur obéissance impériale, acharnés à sauver le système bancaire capitaliste, cyniques ou aveugles, nos dirigeants ont fait, les uns après les autres, le pire choix social : celui de l’inégalité et de l’injustice. Non seulement les conditions de vie se dégradent de tous côtés, le pouvoir d’achat diminue, les impôts se multiplient et le chômage ne faiblit pas, mais pendant que les défavorisés s’appauvrissent, le fortunés profitent de l’envol de leurs revenus. Il n’y a jamais eu autant de distance entre le haut et le bas de la société. Voir le pouvoir essorer la masse pour extraire de l’argent où il n’y en a pas, au lieu d’en récupérer où il y en a, est ce qui enrage le plus. Et le moment vient ou la rage risque de faire du dégât.
Cela dit, une chose est de se défouler comme des Bonnets rouges, une autre est chercher des solutions. La critique est aisée, l’art est difficile, dit l’adage. Construire est pourtant le complément nécessaire de la dénonciation. Il est juste de s’imaginer aux leviers de commande et de se demander ce qu’on ferait à la place des responsables.
C’est là qu’on s’aperçoit de leur médiocrité. Car les décisions à prendre exigent un courage qui leur fait tristement défaut. Elles consistent à bousculer de fond en comble une politique enracinée depuis des années. Une habitude devenue une norme. Celle de confier notre destin au grand frère qui a gagné deux guerres mondiales, sans réaliser qu’il n’a pas remporté la victoire pour nos simples beaux yeux. Une victoire que nous n’avons jamais cessé de payer.
De Gaulle avait compris à quel point la contrepartie serait dangereuse, que l’Europe détruirait les souverainetés et que le mondialisme serait le tombeau des grandes nations. Conscient de l’importance des voix indépendantes en passe d’être étouffées, il a voulu échapper à la tutelle américaine, trahi en cela par ses successeurs. C’est pourtant son exemple qu’il faudrait suivre aujourd’hui.
Pourquoi ? Parce que les Etats-Unis ne font pas de cadeaux. Ils se veulent les maîtres d’un monde à leur image, et n’hésitent pas à supprimer les indociles. Ce n’est pas méconnaître leur grandeur, leurs succès dans tous les domaines de l’activité humaine, la qualité de leurs pionniers et les valeurs de leur culture que de dire que leurs intérêts ne sont pas nécessairement ceux de tout le monde et que nous ne sommes pas obligés de systématiquement les défendre.
Le constater est fixer le premier objectif : s’affranchir de l’atlantisme. Sortir de l’OTAN. Modifier nos alliances. Nous rapprocher des pays qui peuvent garantir un monde multipolaire, la Russie, la Chine, les novateurs de l’Amérique latine, les Etats laïques ou attachés à leur souveraineté comme la Syrie ou l’Iran. Refuser de participer aux guerres qui asservissent les peuples à la haute finance et aux pétroliers. Retrouver l’indépendance de la république pluraliste, fondée sur le droit du sol, face à l’Europe, au régionalisme, au globalisme trans-frontières et aux satellites ethniquement purifiés.
Voilà, en géopolitique, ce que nous ferions à la place des responsables. Malheureusement, à la lecture d’un tel programme, on comprend qu’il ait peu de chances d’être appliqué.

Même chose pour la bataille à mener dans le domaine financier. Elle est pourtant impérative. Ses objectifs sont clairs. Abattre le pouvoir des banques sur l’Etat pour rétablir le pouvoir de l’Etat sur les banques. Redonner à l’établissement national le droit de battre monnaie et de prêter de l’argent sans intérêt, par l’abrogation de la funeste loi du 3 janvier 1973. Appliquer la loi Glass-Steagall de séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires comme premier pas d’une réglementation sévère de leur fonctionnement. Envisager les nationalisations industrielles arrachant la propriété publique à la rapacité privée. Imposer la taxe Tobin sur les transactions internationales à une échelle rentable. Faire de la fiscalité une source de ressources pesant avec efficacité sur les gros revenus. Mettre un terme au boulet de la dette, à la spirale démente du trou qu’on creuse pour en boucher un autre, du nouvel emprunt contracté pour rembourser le précédent.
Sarkozy, inspiré par les moulinets lyriques de BHL, paradait en chef de guerre triomphant de la Libye ; Hollande, accompagné du roquet Fabius aboyant aux basques de la Syrie, se gargarise de sa présence militaire au Mali et de sa fermeté diplomatique face à l’Iran. Des Tartarin encore plus zélés que leur maître de la Maison Blanche, parfois jusqu’à l’embarras de ce dernier. On se réjouirait de les voir bander leurs petits muscles tricolores dans les bureaux feutrés du grand capital en refusant de payer les scandaleux intérêts de la dette publique, et en effaçant au moins une partie de son principal, plutôt que dépenser encore plus d’argent du contribuable en jouant les matamores au rabais.
Aucune de ces pistes n’est nouvelle, aucune n’est impraticable. En France, à la Libération, le remarquable programme du CNR a conçu une réorganisation radicale du pays dans le sens du progrès économique et social. Aux USA, Roosevelt a déjà imposé les sommets de la fortune à près de 90 %. Divers pays ont refusé le paiement de leur dette. D’autres ont mis leurs banquiers en prison (3.500 ont été incarcérés aux USA il y a 20 ans, lors de la crise des caisses d’épargne). Aujourd’hui même, dans la tradition du réalisme moralisateur protestant (faites de l’argent, mais honnêtement), Washington a sanctionné par des amendes totalisant 100 milliards de dollars les escroqueries (subprimes, Libor, taux de change, etc.) des plus grosses de ses banques. Un chiffre qui paraît énorme : en réalité, une goutte d’eau dans leurs bénéfices. Mais le signe qu’elles ne sont pas au-dessus de toute inculpation.
Pourtant, même cette punition légère est excessive pour nos capitulards. Le président de l’Autorité bancaire européenne, Andrea Enria, trouve que trop de banques européennes ont survécu à la crise financière : 40 ont disparu contre environ 500 aux Etats-Unis. “Les gouvernements ont voulu maintenir en vie leurs banques, a-t-il dit le 18 novembre dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung allemand. Cela a freiné le processus de convalescence du système financier.” Il faut que ce soit le régulateur même de la profession qui constate à quel point les cadavres de la politique sont rongés par les vautours du pillage financier…
Troisième volet du défi à relever : le refus de l’austérité. Outre le rejet moral de l’injustice de cette austérité, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz explique en quelques mots son non-sens rationnel. “Lorsqu’il y a austérité, la demande chute, dit-il. Et quand la demande chute, la croissance recule et le chômage augmente. Lorsque le chômage augmente, les salaires baissent en raison de la compétition pour les emplois et les services sociaux sont réduits. Tous les aspects de l’inégalité sont donc exacerbés.” Et la demande ne peut cesser de chuter. L’évidence du cercle vicieux suffirait à elle seule à prohiber toutes les mesures de rigueur imposées à la population.
Alors, pourquoi ce défi à la plus élémentaire lucidité ? Parce qu’on est aux abois pour trouver de l’argent. Nous voilà renvoyés au point de départ. Car tout se tient. L’atlantisme est fondé sur le système du capitalisme néolibéral et de sa géopolitique impériale. Pour maintenir le système en place, et y figurer en bonne position, il faut de l’argent. L’argent est aux mains de la classe supérieure, de plus en plus coupée du restant de la société. La classe supérieure est soumise au pouvoir des banques. Le pouvoir des banques est assuré par les sangsues des dettes. Les dettes tarissent les ressources disponibles de l’Etat et l’obligent à se financer par tous les moyens. Le moyen classique, qui ne menace ni la structure du système ni les privilèges des possédants, est de cajoler les investisseurs en les assurant d’une exploitation profitable et de se servir des impôts pour pressurer le peuple.
Tant qu’on ne bouleversera pas la continuité de cette logique, la situation ne fera qu’empirer, suscitant rage et révolte. Et les indignés ne font plus confiance à leurs représentants. Ceux-ci sont au pied du mur. Ou ils poursuivent leur route à genoux, ne changent rien à leurs habitudes et alimentent l’explosion ; ou ils se redressent pour entamer avec énergie la bataille d’une nouvelle Résistance, dont les objectifs sont nettement tranchants. C’est ce choix qui est le moment de vérité.
Hélas, comme le courage n’est pas le fort de nos gouvernants, que la social-démocratie n’a jamais brillé par son agressivité et que le microcosme à la tête du pays manque singulièrement de personnalités d’envergure, je ne crois pas beaucoup à la seconde option. Même pas du tout.
Mais on peut rêver…
Louis DALMAS.
Savez-vous que vient d’être publié aux Editions Apopsix son dernier livre : “Les Fossoyeurs de l’Occident”. Voici ce qu’en disent quelques premiers critiques.
« Un des grands combats de Louis Dalmas est de dire les choses et de proposer une autre vision du monde que la doxa officielle en s’appuyant sur des faits et des témoignages. Ce grand combat pour la liberté de l’information se retrouve dans ce livre et doit être salué.
Cet essai écrit avec toute la force de conviction de Louis Dalmas, séduisant et très clair dans sa forme littéraire qui tient du pamphlet, est un vrai livre de combat.
Enquête et débat.
Vendre ce livre absolument, pourquoi ? Parce qu’il fait des révélations uniques concernant la politique mondiale.
Parce qu’il alerte sur les dangers imminents qui menacent l’humanité, consécutives à l’ingérence des politiques au pouvoir dans le monde.
Plus pertinent que Mediapart, plus subversif que les Anonymous, plus révélateur que Wikileaks, ce livre est une source unique d’informations libres et objectives.
(Sciences Po Librairie)

Visitez son site web : http://www.b-i-infos.com

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