MICHEL PICCOLI
Michel Piccoli est un acteur français, né le à Paris 13e1 et mort le 2,3 à Saint-Philbert-sur-Risle, dans l’Eure4. Il est également producteur, réalisateur et scénariste.
Biographie
Fils d’Henri Piccoli, violoniste, de lointaine origine tessinoise5 et de Marcelle Expert-Bezançon (1892-1990), une pianiste française, Michel Piccoli a suivi une formation de comédien d’abord auprès de Andrée Bauer-Théraud, puis au cours Simon6.
Après une apparition en tant que figurant dans Sortilèges de Christian-Jaque en 19456, il débute au cinéma dans Le Point du jour de Louis Daquin7. Cependant, c’est surtout au théâtre qu’il s’illustre dans le début de sa carrière, avec les compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussot ainsi qu’au Théâtre de Babylone (géré par une coopérative ouvrière et qui mete en scène les pi-ces d’avant-garde de Ionesco ou Beckett)6. Bien que remarqué dans le film French Cancan en 1954, il poursuit sur les planches et travaille avec les metteurs en scène Jacques Audiberti, Jean Vilar, Jean-Marie Serreau, Peter Brook, Luc Bondy, Patrice Chéreau ou encore André Engel6.
Durant la même période, il se fait connaître dans des téléfilms populaires tels que Sylvie et le fantôme, Tu ne m’échapperas jamais ou encore L’Affaire Lacenaire de Jean Prat6.
Remarqué dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville, il est révélé au grand public avec Le Mépris de Jean-Luc Godard aux côtés de Brigitte Bardot.
Dès lors, il tourne avec beaucoup des plus grands cinéastes français (Jean Renoir, René Clair, René Clément, Alain Resnais, Agnès Varda, Jacques Demy, Alain Cavalier, Michel Deville, Claude Sautet, Claude Chabrol, Louis Malle, Jacques Doillon, Jacques Rivette, Léos Carax, Bertrand Blier), européens (Luis Buñuel, Costa-Gavras, Marco Ferreri, Alfred Hitchcock, Jerzy Skolimowski, Marco Bellocchio, Ettore Scola, Manoel de Oliveira, Otar Iosseliani, Theo Angelopoulos, Nanni Moretti) et internationaux (Youssef Chahine, Raoul Ruiz, Hiner Saleem).
Il devient l’acteur fétiche de Claude Sautet, avec Les Choses de la vie, Max et les Ferrailleurs, Mado et Vincent, François, Paul… et les autres, de Marco Ferreri, avec sept films, de Dillinger est mort à Y’a bon les blancs, et de Luis Buñuel avec qui il entretient une longue complicité. Il collabore à six des films du réalisateur espagnol dont plusieurs œuvres majeures comme Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour, Le Charme discret de la bourgeoisie.
Michel Piccoli parlant très bien l’italien, il travaillera aussi avec des cinéastes italiens, comme Marco Bellocchio, Marco, Ferreri, Ettore Scola, etc…
En parallèle, il assoit sa notoriété au début des années 1960, par plusieurs rôles à la télévision (Les Joueurs, Montserrat, Dom Juan…).
Il débute la décennie 1980 par le prix d’interprétation au festival de Cannes en 1980, avec Le Saut dans le vide de Marco Bellocchio, et celui du festival de Berlin en 1982, avec Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre. Il travaille avec le jeune cinéma français, comme Jacques Doillon (La Fille prodigue en 1985), Leos Carax (Mauvais sang en 1986), n’hésitant pas à casser son image bienveillante avec des rôles provocateurs ou antipathiques, avant de s’essayer lui-même à la réalisation.
Habitué du festival de Cannes, il fait partie du jury de la compétition officielle du 60e festival en 2007 sous la présidence de Stephen Frears.
Amateur de littérature, il a également enregistré la lecture des Fleurs du mal de Charles Baudelaire et de Gargantua de François Rabelais.
En 2011, il joue dans Habemus Papam de Nanni Moretti, présenté en compétition à Cannes.
Engagement politique
Engagé politiquement à gauche, membre du Mouvement de la Paix (communiste), il s’est souvent illustré par ses prises de position contre le Front national, et s’est mobilisé pour Amnesty International.
En , il signe avec cent cinquante intellectuels un texte appelant à voter pour Ségolène Royal, contre une droite d’arrogance
, pour une gauche d’espérance
8. Après avoir soutenu François Mitterrand en 19749 puis en 1981, il reste fidèle au camp socialiste.
En , il cosigne, avec Juliette Gréco, Maxime Le Forestier et Pierre Arditi, une lettre ouverte10 à l’intention de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les parlementaires socialistes à adopter la loi Création et Internet.
Mort
Michel Piccoli est mort le à la suite d’un accident vasculaire cérébral, comme sa famille l’a annoncé six jours plus tard dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse2à Saint-Philbert-sur-Risle, dans l’Eure4.
Vie privée
En 1954, Michel Piccoli se marie avec l’actrice Éléonore Hirt (1919-2017) avec qui il a une fille, Anne-Cordélia Piccoli11, puis avec la chanteuse Juliette Gréco (de 1966 à 1977), avant d’épouser en 197812 la scénariste Ludivine Clerc13, avec qui il adopte deux enfants d’origine polonaise, Inord et Missia14.
Théâtre
Comédien
- 1945 : L’Invasion de Léonid Léonov, théâtre des Carrefours
- 1946 : Les Pères ennemis de Charles Vildrac, mise en scène Georges Vitaly, théâtre Édouard VII
- 1948 : Le Matériel humain
- 1949 : La Perle du colorado de Michel de Ré, mise en scène de l’auteur, théâtre du Vieux-Colombier
- 1949 : Les Gaietés de l’escadron de Georges Courteline, mise en scène Jean-Pierre Grenier, théâtre de la Renaissance
- 1950 : L’Affaire Fualdès de Denis Marion, mise en scène Georges Douking, théâtre du Vieux-Colombier
- 1952 : La Jarre de Luigi Pirandello, mise en scène Jacques Mauclair, théâtre de Babylone
- 1952 : Spartacus de Max Aldebert, mise en scène Jean-Marie Serreau, théâtre de Babylone
- 1952 : Méfie-toi, Giacomino de Luigi Pirandello, mise en scène Jean-Marie Serreau, théâtre de Babylone
- 1952 : La Maison brûlée d’August Strindberg, mise en scène Frank Sundström, théâtre de Babylone
- 1952 : Velca de Tullio Pinelli, mise en scène José Quaglio, théâtre de Babylone
- 1953 : Les Aveux les plus doux de Georges Arnaud, mise en scène Michel de Ré, théâtre du Quartier latin
- 1953 : Les Naturels du bordelais de Jacques Audiberti, mise en scène Georges Vitaly, théâtre La Bruyère
- 1953 : L’Énigme de la chauve-souris de Mary Roberts Rinehart, mise en scène Georges Vitaly, théâtre du Grand-Guignol
- 1954 : Penthésilée d’Heinrich von Kleist, mise en scène Claude Régy, théâtre Hébertot
- 1954 : La Soirée des proverbes de Georges Schehadé, mise en scène Jean-Louis Barrault, théâtre Marigny
- 1955 : Clotilde du Nord de Louis Calaferte, mise en scène Michel de Ré, Comédie de Paris
- 1955 : Gaspar Diaz de Dominique Vincent, mise en scène Claude Régy, théâtre Hébertot
- 1955 : Protée de Paul Claudel, mise en scène Raymond Gérôme, Comédie de Paris
- 1955 : Entre chien et loup de Gabriel Arout d’après Légitime défense de Primo Levi, théâtre en Rond
- 1956 : La Reine et les Insurgés d’Ugo Betti, mise en scène Michel Vitold, théâtre de la Renaissance
- 1957 : Regrets éternels de Constance Coline, mise en scène Raymond Gérôme, théâtre de l’Œuvre
- 1957 : Phèdre de Racine, mise en scène Jean Vilar, TNP Festival de Strasbourg
- 1958 : La tour d’ivoire de Robert Ardrey, mise en scène Jean Mercure, théâtre des Bouffes-Parisiens
- 1958 : Romancero de Jacques Deval, mise en scène Jacques Deval, Comédie des Champs-Élysées
- 1959 : Connaissez-vous la Voie lactée ? d’après Karl Wittlinger, mise en scène Michel de Ré, théâtre des Mathurins
- 1961 : Le 10e Homme de Paddy Chayefsky, mise en scène Raymond Gérôme, théâtre du Gymnase
- 1962 : Les cailloux de Félicien Marceau, mise en scène André Barsacq, théâtre de l’Atelier
- 1962 : La nuit a sa clarté de Christopher Fry, mise en scène Jean-Louis Barrault, Odéon-Théâtre de France
- 1963 : Le vicaire de Rolf Hochhuth, mise en scène François Darbon, théâtre de l’Athénée
- 1965 : Dom Juan ou le Festin de Pierre, mise en scène Marcel Bluwal, téléfilm, 1965
- 1969 : Le Misanthrope de Molière, mise en scène Marcel Bluwal, théâtre de la Ville
- 1971 : Allo ! C’est toi Pierrot ? de Pierre Louki, mise en scène Roland Monod, théâtre Hébertot
- 1973 : Themroc de Claude Faraldo
- 1978 : Le Sucre réalisé par Jacques Rouffio, adaptation du livre éponyme de Georges Conchon. Michel Piccoli : Grezillo
- 1981 : La cerisaie d’Anton Tchekhov, mise en scène Peter Brook, théâtre des Bouffes du Nord ; reprise en 1983
- 1983 : Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Patrice Chéreau, théâtre Nanterre-Amandiers, TNP Villeurbanne
- 1984 : Terre étrangère d’Arthur Schnitzler, mise en scène Luc Bondy, théâtre Nanterre-Amandiers (prix du Meilleur acteur du Syndicat de la critique dramatique)
- 1985 : Phèdre de Racine
- 1985 : La Fausse Suivante de Marivaux, mise en scène Patrice Chéreau, théâtre Nanterre-Amandiers, TNP Villeurbanne
- 1988 : Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mise en scène Luc Bondy, théâtre Nanterre-Amandiers, Cour d’honneur du Palais des papes Festival d’Avignon, TNP Villeurbanne
- 1988 : Le retour au désert de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Patrice Chéreau, Festival d’automne à Paris théâtre Renaud-Barrault
- 1993 : John Gabriel Borkman de Henrik Ibsen, mise en scène Luc Bondy, théâtre Vidy-Lausanne, Odéon-Théâtre de l’Europe
- 1995 : pour Pierre Boulez de Pierre Boulez, compositeur Arnold Schoenberg, Festival d’Avignon, lecteur
- 1996 : Poèmes et Proses de René Char, lecture au Festival d’Avignon avec Dominique Blanc
- 1997 : La maladie de la mort de Marguerite Duras, mise en scène Bob Wilson, MC93 Bobigny
- 1998 : À propos des géants de la montagne de Luigi Pirandello, mise en scène Klaus Michael Gruber, CNSM Paris
- 2001 : La Jalousie de Sacha Guitry, mise en scène Bernard Murat, théâtre Édouard VII
- 2003–2004 : Ta main dans la mienne de Carol Rocamora, mise en scène Peter Brook, théâtre des Bouffes du Nord puis Comédie des Champs-Élysées
- 2006–2007 : Le Roi Lear de William Shakespeare, mise en scène André Engel, Odéon-Théâtre de l’Europe Ateliers Berthier
- 2008–2009 : Minetti de Thomas Bernhard, mise en scène André Engel, théâtre Vidy-Lausanne puis Théâtre national de la Colline, Comédie de Reims, TNP Villeurbanne, MC2, Théâtre du Nord, Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Metteur en scène
- 1988 : Une vie de théâtre de David Mamet, adaptation Pierre Laville, théâtre des Mathurins
Filmographie
Discographie
- 1970 : Les choses de la vie – La chanson d’Hélène en duo avec Romy Schneider
- 1976 : L’art d’aimer
- 1983 : Narrateur dans l’enregistrement d’Œdipus rex d’Igor Stravinsky, avec Jessye Norman, Thomas Moser, Siegmund Nimsgern et l’Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise sous la direction de Colin Davis (Orfeo)
- 2002 : Reprise du Déserteur sur Autour de Serge Reggiani, album hommage à Serge Reggiani
Publications
- Dialogues égoïstes, écrit avec la collaboration d’Alain Lacombe, Olivier Orban éditeur, 1976
- J’ai vécu dans mes rêves, écrit avec la collaboration de Gilles Jacob, Éditions Grasset, 2015
Distinctions
Récompenses
- Festival international du film fantastique d’Avoriaz 1973 : Prix d’interprétation masculine pour Themroc
- Festival de Cannes 1980 : Prix d’interprétation masculine pour Le Saut dans le vide
- Berlinale 1982 : Ours d’argent du meilleur acteur pour Une étrange affaire
- Prix du Syndicat de la critique 1984 : Meilleur comédien pour Terre étrangère
- Prix Europe pour le théâtre 2001
- Festival international du film de Locarno 2007 : Léopard de la meilleure interprétation masculine pour Les Toits de Paris
- David di Donatello 2012 : David di Donatello du meilleur acteur pour Habemus papam
Nominations
- César du cinéma 1982 : César du meilleur acteur pour Une étrange affaire
- César du cinéma 1985 : César du meilleur acteur pour La Diagonale du fou
- César du cinéma 1991 : César du meilleur acteur pour Milou en mai
- César du cinéma 1992 : César du meilleur acteur pour La Belle Noiseuse
- Molières 2006 : Molière du comédien pour Le Roi Lear
- Molières 2007 : Molière du comédien pour Le Roi Lear
Notes et références
- Michel Piccoli [archive] sur Les Gens du cinéma
- Sandrine Marques, « Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort » [archive], sur Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le 18 mai 2020).
- Arièle Bonte, « L’acteur Michel Piccoli est décédé à l’âge de 94 ans » [archive], sur RTL, (consulté le 18 mai 2020).
- Guillaume Lejeune, « L’acteur Michel Piccoli est décédé chez lui dans son manoir de Saint-Philbert-sur-Risle, dans l’Eure » [archive], sur Paris-Normandie, (consulté le 18 mai 2020).
- (it) « Il cinema, grande specchio dell’esistenza » [archive], swissinfo.ch, 15 août 2007.
- Marques 2020.
- La Saison cinématographique, vol. 30, UFOLEIS, , publication réalisée sous la direction de François Chevassu et Jacques Zimmer, en collaboration avec la Ligue de l’enseignement, la Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente, l’Union française des œuvres laïques d’éducation par l’image et le son, recherche iconographique effectuée par Marianne Duvannès (OCLC 15118592, notice BnF no FRBNF39772173, lire en ligne [archive]), p. 164
- « Avant qu’il ne soit trop tard [archive] », Le Nouvel Observateur, 1er mars 2007.
- Raphaël Proust, « 1974, Giscard peopolise la campagne de la droite » [archive], slate.fr, 18 avril 2012.
- « Les acteurs et la loi “Création et Internet” » [archive] sur lemonde.fr.
- Nécrologie d’Éléonore Hirt [archive], lemonde.fr, 30 janvier 2017.
- Patrick Bruchet, « Michel Piccoli Marries Ludivine Clerc », Paris Match, (lire en ligne [archive], consulté le 17 novembre 2017)
- (en) The International Who’s Who 2004, Europa Publications, , 67e éd.(ISBN 9781857432176, lire en ligne [archive]), p. 1322
- « Michel Piccoli : mon frère, ce fantôme » [archive], sur http://www.lejdd.fr [archive], 1 novembre 2015, modifié le 20 juin 2017 (consulté le 17 novembre 2017)
Voir aussi
Bibliographie
- Robert Chazal, Michel Piccoli le provocateur, Éditions France-Empire, 1989, (ISBN 2704806349 et 978-2704806348)
- Jacques Zimmer, Piccoli grandeur nature, Éditions Nouveau Monde, 2008 (ISBN 2847362916 et 978-2847362916)
- Sandrine Marques, « Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort », Le Monde.fr, (lire en ligne [archive], consulté le 18 mai 2020)
Liens externes
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- (en) AllMovie [archive]
- (en) Internet Movie Database [archive]
- Ressource relative au spectacle :
- [vidéo] Michel Piccoli en 1964 [archive], une archive de la Télévision suisse romande
- [vidéo] Michel Piccoli lit des extraits du livre de [archive]Michel Boujut Le Jour où Gary Cooper est mort sur YouTube
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