Micheline Boudet nous a quittés RIP

Micheline Boudet

Micheline Boudet, née le  à Metz (Moselle) et morte le  en Normandie, est une comédienne française, sociétaire honoraire de la Comédie-Française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière[modifier | modifier le code]

Elle débute par les rôles de jeunes premières, puis aborde l’emploi des soubrettes. Son rire – que ce soit dans Nicole du Bourgeois gentilhomme où elle succède à Béatrice Bretty, ou dans Zerbinette des Fourberies de Scapin – résonne encore dans les cintres de la salle Richelieu. Pourtant, la succession de Béatrice Bretty, dans Nicole, se révéla périlleuse. Louis Seigner, en Monsieur Jourdain, appréciait les rondeurs de son habituelle partenaire et trouvait la « petite Boudet » bien trop frêle à son goût. Mais le rire de Micheline Boudet ressemble à une cascade ou à une fontaine. Un véritable concerto. Meyer avait dit d’elle : « elle ne sera jamais une Bretty ! » Peut-être fit-elle mieux qu’une Bretty en devenant la « Boudet », légère et spontanée.

Elle joue Marivaux avec grâce. Elsa Triolet, qui l’a vue dans La Double Inconstance, a écrit : « l’admirable Silvia, Micheline Boudet, débordante de talent1 ». Avec Robert Hirsch – venu de la danse, comme elle – elle forme un couple comique extraordinaire de fraîcheur et de grâce, de légèreté et de gaieté. Jacques Charon, qui les a mis en scène dans ce Marivaux, écrit : « Robert fut un Arlequin d’une bouleversante simplicité. Micheline, de son côté, fut une Silvia d’une naïveté frémissante. J’avais formé un nouveau couple idéal. À chaque représentation, Arlequin et Silvia semblaient inventer du Marivaux en le tirant de leur cœur2 ». Elle joue encore du même auteur : Lisette du Jeu de l’amour et du hasard (avec Jacques Charon-Pasquin), L’Épreuveetc.

Plus tard, à l’âge de la maturité, elle aborde Le Prince travesti, toujours sous la direction de Charon. De ce rôle, elle dit : « cette Hortense aussitôt me bouleversa : touchante et pleine d’esprit, prête à l’amour et bientôt écartelée entre cet amour qu’elle a pour Lélio et son amitié pour la princesse, elle me parut la plus humaine de toutes »3. Araminte des Fausses confidences qu’elle joua sous la direction de Jean Piat, constitua, selon elle, « l’accomplissement de mes vœux de comédienne »4. Ce personnage à qui elle confère beaucoup de charme et de classe, marque l’apothéose de son compagnonnage marivaudien.

Elle a interprété les femmes légères de Feydeau ; qu’il s’agisse du Dindon, du Fil à la patte, de Feu la mère de madame ou encore de Mais n’te promène donc pas toute nue avec le ton juste sans jamais tomber dans la vulgarité. Avec elle, la belle époque a trouvé une interprète privilégiée.

Comme son camarade Robert Hirsch, elle a su donner du sens à des mises en scène qui n’en avaient pas forcément beaucoup ; comédienne-née, le théâtre se métamorphose grâce à son sens du spectacle. Maurice Descottes évoque un épisode de son interprétation de Suzanne du Mariage de Figaro dans la mise en scène de Jean Meyer : « l’actrice mit en valeur certains effets inédits qui remplirent d’aise les connaisseurs. Presque tous les comptes-rendus critiques font un sort à « l’irrésistible imitation de la comtesse » par Suzanne : « bravo pour son pastiche d’Hélène Perdrière »… Il s’agit bien évidemment là d’un numéro d’actrice, mais un numéro qui n’est pas gratuit puisqu’il a le mérite de bien s’insérer dans l’intrigue ». Combien n’en a-t-elle pas sauvé de ces mises en scène poussiéreuses. Elle-même raconte les difficultés éprouvées par les comédiens pour jouer des pièces en l’absence de toute mise en scène : « Pour ce premier soir comme pour les autres, je dus me reporter aux intentions de l’auteur, les indications de mon cher maître et metteur en scène5 s’étant à peu près bornées à ceci : « Tu entres par le fond, tu es en bleu, on te poudrera les cheveux, ce sera très joli, laisse-toi aller, tu es le personnage ». Et voilà : dix-huit ans, un rôle très difficile, tout Paris qui guette la « débutante », et pas un travail sérieux auquel se raccrocher 6! ».

Jacques Charon parle de la « fine équipe » à propos de la bande qu’il forma avec Hirsch, Boudet, Gence, Piat et Descrières. La profondeur et la vitalité qu’elle a donné de manière si intelligente à l’interprétation de ses plus beaux rôles dans Marivaux, Beaumarchais, Musset ont renouvelé leur compréhension par la Critique. Elle témoigne ainsi de la manière la plus brillante et la plus émouvante de l’apport de la Comédie-Française au théâtre de cette époque.

Après son départ de la Comédie-Française, elle s’est consacrée au théâtre de boulevard et mène une intéressanteModèle:Pasneutre carrière d’écrivain ; le théâtre y a fréquemment la part belle7.

Formation[modifier | modifier le code]

Vie privée[modifier | modifier le code]

Elle épouse l’acteur Julien Bertheau en 1951, dont elle divorce en 1954. Leur fils Alain Bertheau (1951-2018) est acteur et metteur en scène des pièces Heureux comme un papeUn été de carton et Héros solitaire, écrites par Didier « Doc » Pilot

Elle épouse par la suite Robert Petit en 1969, dont elle divorce en 1998. Leur fille, Marie Boudet Petit (née en 1969), est comédienne, metteur en scène et professeur d’art dramatique.

Mort[modifier | modifier le code]

Elle meurt le  en Normandie, à l’âge de 96 ans8.

Théâtre[modifier | modifier le code]

Comédie-Française[modifier | modifier le code]

  1. Mariane, L’AvareMolière, mise en scène reprise par Jean Meyer
  2. Hyacinthe, Les Fourberies de ScapinMolière
  3. Jeanne Raymond, Le Monde où l’on s’ennuieÉdouard Pailleron
  4. une Gitane, Cantique des cantiquesJean Giraudoux, m.e.s. Louis Jouvet
  5. Mariane, Tartuffe ou l’ImposteurMolière, m.e.s. Pierre Bertin ; reprise m.e.s. Fernand Ledoux, 1952
  6. Lucette, La Bonne MèreFlorian
  7. Madeleine, Le ChandelierAlfred de Musset, m.e.s. Gaston Baty
  8. Henriette, Le Voyage de monsieur PerrichonEugène Labiche et Édouard Martin, m.e.s. Jean Meyer
  9. Lisette, Le Jeu de l’amour et du hasardMarivaux, m.e.s. Maurice Escande (débuts officiels)
  10. Denise Dentin, Le PèlerinCharles Vildrac
  11. Lucinde, Le Médecin malgré luiMolière, m.e.s. Jean Meyer
  12. Loyse, GringoireThéodore de Banville, m.e.s. Denis d’Inès
  13. Philis, La Princesse d’ÉlideMolière, m.e.s. Jean-Louis Barrault
  14. Chérubin, Le Mariage de FigaroBeaumarchais, m.e.s. Jean Meyer
  15. la Poupée, NoëlCharles Vildrac, 1945
  16. Rosette, On ne badine pas avec l’amourAlfred de Musset, m.e.s. Pierre Bertin, 1946 ; reprise m.e.s. Julien Bertheau, 1947
  17. la Soubrette, Cyrano de BergeracEdmond Rostand, m.e.s. Pierre Dux
  18. Silvia, Arlequin poli par l’amourMarivaux, m.e.s. Gaston Baty et Jacques Charon
  19. Annette, Feu la mère de MadameGeorges Feydeau, à Toulouse, 
  20. Blanchette Copini, Les Jocrisses de l’amourThéodore Barrière et Lambert Thiboust, m.e.s. Jean Meyer
  21. Lucienne, La BrebisEdmond Sée
  22. Henriette, Les Femmes savantesMolière, m.e.s. Jean Debucourt ; reprise m.e.s. Jean Meyer
  23. Virginie, Un chapeau de paille d’ItalieEugène Labiche et Marc Michel, m.e.s. Gaston Baty, 
  24. Sylvette Dumas, La BrouilleCharles Vildrac
  25. Isabelle, Le Légataire universelRegnard, m.e.s. Pierre Dux
  26. un personnage du ballet, Les Espagnols en DanemarkProsper Mérimée, m.e.s. Jean Meyer
  27. Angélique, Le Malade imaginaireMolière, m.e.s. Jean Meyer
  28. Francine, SaphoAlphonse Daudet et Auguste Bélot, m.e.s. Gaston Baty
  29. Lucette, Monsieur de PourceaugnacMolière, m.e.s. Jean Meyer ; reprise 1961
  30. Marthe Bourdier, Le RoiGaston Arman de CaillavetRobert de Flers et Emmanuel Arène, m.e.s. Jacques Charon
  31. Lisette, LouisonAlfred de Musset
  32. Angélique, L’ÉpreuveMarivaux, m.e.s. Julien Bertheau
  33. Lisette, L’ÉpreuveMarivaux, m.e.s. Julien Bertheau, 1949-1964
  34. Madelon, Les Précieuses ridiculesMolière, m.e.s. Robert Manuel
  35. Suzette, Le RoiGaston Arman de CaillavetRobert de Flers et Emmanuel Arène, m.e.s. Jacques Charon, 1949
  36. Martine, Le Médecin malgré luiMolière, m.e.s. Jean Meyer ; reprise 1961
  37. Vivette, L’Arlésienne, Alphonse Daudet, m.e.s. Julien Bertheau
  38. Mademoiselle de Brie, L’Impromptu de Versailles, Molière, m.e.s. Pierre Dux
  39. Julie, Les Temps difficiles, Édouard Bourdet, m.e.s. Pierre Dux, Le Caire, 
  40. Mlle de Brie, L’Impromptu de Versailles, Molière, m.e.s. Pierre Dux, 1950
  41. Silvia, La Double InconstanceMarivaux, m.e.s. Jacques Charon
  42. Valentine, La Paix chez soiGeorges Courteline, m.e.s. Robert Manuel
  43. Léone, Un voisin sait tout, Gérard Bauer, m.e.s. Jean Debucourt
  44. Celia, Comme il vous plaira, Shakespeare/Jules Supervielle, m.e.s. Jacques Charon
  45. Lucile, Le Bourgeois gentilhomme, Molière, m.e.s. Jean Meyer
  46. Thérèse, Le Voyage à Biarritz, Jean Sarment, m.e.s. Georges Chamarat
  47. Lucienne Vatelin, Le Dindon, Georges Feydeau, m.e.s. Jean Meyer
  48. Zerbinette, Les Fourberies de Scapin, Molière, m.e.s. Jean Meyer ; reprise m.e.s. Jacques Charon, 1956-1970
  49. Charlotte, Dom Juan ou le Festin de Pierre, Molière, m.e.s. Jean Meyer, 1952
  50. Suzanne, Le Mariage de Figaro, Beaumarchais, m.e.s. Jean Meyer
  51. Rosette, Quitte pour la peur, Alfred de Vigny
  52. Annette, Poil de carotte, Jules Renard, tournée en URSS, Moscou, 
  53. Isabelle, Ergaste, L’École des Maris, Molière, m.e.s. Jean Meyer
  54. Sœur Julie, Port-Royal, Henry de Montherlant, m.e.s. Jean Meyer
  55. Rosine, Le Barbier de Séville, Beaumarchais, m.e.s. Pierre Dux
  56. Nicole, Le Bourgeois gentilhomme, Molière, m.e.s. Jean Meyer (à Le Neubpour, dans l’Eure),  à Paris, 1968
  57. Élise, L’Avare, Molière
  58. Martine, Les Femmes savantes, Molière, m.e.s. Jean Meyer
  59. Lisette, Les Serments indiscrets, Marivaux, m.e.s. Jean Piat
  60. La Nymphe, L’Impromptu, Marcel Achard, au château de Groussay
  61. Cupidon, La Réunion des amours, Marivaux, m.e.s. Jean Piat, 1957
  62. Lili, Le Sexe faible, Édouard Bourdet, m.e.s. Jean Meyer, 1957
  63. Élise, La Critique de l’École des femmes, Molière, m.e.s. Jean Meyer, 1957
  64. Agnès de Rosenval, Les Trente Millions de Gladiator, Eugène Labiche et Philippe Gille, m.e.s. Jean Meyer, 1958
  65. Toinette, Le Malade imaginaire, Molière, m.e.s. Robert Manuel, 1958
  66. Mlle Molière, L’Impromptu de Versailles, Molière, m.e.s. Jean Meyer 1959, tournée au Canada et États-Unis, février-
  67. Agathe, Électre, Jean Giraudoux, m.e.s. Pierre Dux, 1959
  68. Hortense, Le Prince travesti, Marivaux, m.e.s. Jacques Charon, 1960
  69. Yvonne, Feu la Mère de Madame, Georges Feydeau, m.e.s. Fernand Ledoux, 1960
  70. Lucette, Un fil à la patte, Georges Feydeau, m.e.s. Jacques Charon, 1961
  71. Nicole, La Troupe du Roy, d’après Molière, m.e.s. Paul-Émile Deiber, 1962
  72. Cléanthis, L’Île des esclaves, Marivaux, m.e.s. Jacques Charon, 1962
  73. La spectatrice, L’Impromptu du Palais-Royal, Jean Cocteau, m.e.s. Jacques Charon, en tournée au Japon, 
  74. Mlle Hervé, La Troupe du Roy, Paul-Émile Deiber, d’après Molière, m.e.s. Paul-Émile Deiber, en tournée en URSS, 
  75. la Comtesse, L’Âne et le ruisseau, Alfred de Musset, en tournée en Israël, 
  76. Marthe, Le Pain de ménage‘, Jules Renard, m.e.s. Jean Mercure, 1966
  77. Mme Gamberone, Un voyageur, Maurice Druon, m.e.s. Jean Piat, 1966
  78. Armandine, Le Dindon, Georges Feydeau, m.e.s. Jean Meyer, 1967
  79. Antonia, La Navette, Henry Becque, m.e.s. Jean Piat, 1968
  80. la Nuit, Amphitryon, Molière, m.e.s. Jean Meyer, en tournée en Égypte, 22 au , puis à Paris, 1969
  81. Araminte, Les Fausses Confidences, Marivaux, m.e.s. Jean Piat, 1969
  82. Denise, Si Camille me voyait !…, Roland Dubillard, m.e.s. Jean Piat, 1970
  83. Clarisse Ventroux, Mais n’te promène donc pas toute nue !…, Georges Feydeau, m.e.s. Jean-Laurent Cochet, 1971
  • Soirées littéraires :
  1. Cécile, Il ne faut jurer de rien, Alfred de Musset
  2. Églé, La Dispute, Marivaux, 3 & 4, 
  3. Uranie, La Critique de l’École des Femmes (extraits), Molière
  4. Mlle de Brie, L’Impromptu de Versailles (extraits), Molière
  5. Cléone, Un Comédien envieux, La Croix, 
  6. La Fille, La Fontaine, 
  7. La laitière et le pot au lait La Fontaine, 
  8. Le Curé et la mort, La Fontaine, 
  9. Le loup et l’agneau, La Fontaine, 
  10. Le paradoxe du comédien (extraits), Diderot

Hors Comédie-Française[modifier | modifier le code]

Au théâtre ce soir[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  1. Viens voir les comédiens, éd. Albin Michel, 1997
  2. La Fleur du mal, éd. Albin Michel, 1993
  3. Julie Talma, l’ombre heureuse, éd. Laffont, 1989
  4. Le Roman d’un souffleur, éd. Plon, 1988
  5. Mademoiselle Mars, l’inimitable, éd. Perrin, 1987
  6. Ami, amant, éd. Plon, 1984
  7. Marguerite 1925, éd. Albin Michel, 1982
  8. Un jeune homme roux, éd. Albin Michel, 1980
  9. La Baladeuse, éd. Albin Michel, 1979
  10. Passion Théâtre : Avec Marie BellLouis JouvetMadeleine RenaudGérard Philipe… un demi-siècle de théâtre français, Robert Laffont, 2009

 

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