Ivry Gitlis nous a quittés RIP

Ivry Gitlis

 

Ivry Gitlis (en hébreu : עברי גיטליס) est un violoniste israélien, né le  à Haïfa, en Palestine mandataire et mort le  à Paris. Il est ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO (1990).

Biographie[modifier | modifier le code]

Originaires de Kamenets-Podolski, aujourd’hui en Ukraine, les parents d’Ivry Gitlis se rencontrent lors de leur départ pour la Palestine mandataire, où il naît à Haïfa en 19221.

Un grand-père chantre de synagogue, un père modeste artisan puis meunier, pas de pression familiale sur ce fils unique : c’est le jeune Ivry qui réclame un violon à l’âge de quatre ans. Son entourage se cotise pour lui offrir l’instrument et les premières leçons. Les progrès sont fulgurants. Il donne son premier concert à sept ans2.

Les dons musicaux d’Ivry sont vite remarqués par l’influent Bronislaw Huberman (fondateur de l’orchestre de Palestine) qui encourage l’enfant prodige à travailler en Europe. Ce sera le départ pour Paris, tout d’abord, avec l’expérience en demi-teinte du Conservatoire avec Jules Boucherit, puis à Londres où il travaille avec Carl Flesch, enfin, il reçoit aussi un enseignement particulier avec des géants du violon (Jacques Thibaud et Georges Enesco, tous deux élèves de Martin-Pierre Marsick).

À Londres, à l’approche de la guerre, période agitée pour le jeune violoniste, il connaît ses premiers succès devant l’armée britannique tout en se portant volontaire pour travailler dans une usine de munitions3. Après la guerre, il fait ses débuts avec l’orchestre philharmonique de Londres et enregistre pour la BBC radio.

Puis, au début des années 1950, c’est la découverte des États-Unis et la rencontre avec Jascha Heifetz et le grand pédagogue Théodore Paskus.

En 1955, il rentre dans « l’écurie » du plus grand imprésario de l’époque, Sol Hurok, qui fera d’Ivry un symbole, le premier violoniste israélien à aller jouer en URSS. Parallèlement, plusieurs tournées ont lieu à travers les États-Unis avec des chefs comme Eugene Ormandy et George Szell. Viennent ensuite les premiers enregistrements pour relayer les concerts. Ses interprétations des grands concertos du xxe siècle, comme Alban BergIgor StravinskyJean SibeliusBéla Bartók, sont saluées par les plus hautes récompenses en France comme aux États-Unis.

Dans les années 1960, c’est le retour à Paris, où Ivry réside le plus régulièrement entre deux tournées. Il devient un des interprètes les plus demandés de la scène classique internationale et donne des concerts avec les plus grands orchestres. Ses disques d’anthologie, des grandes œuvres de virtuosité du répertoire, sont des succès populaires.

Ses apparitions sur les chaînes de télévision sont nombreuses, et il contribue ainsi largement à populariser la musique classique auprès du grand public. Il y joue notamment la gavotte de la Partita pour violon seul nº 3 de Bach. C’est ainsi qu’en 1981, il tient avec bonheur le rôle de René Vivien, clochard violoniste, dans l’épisode Maigret et l’homme tout seul de la série Les Enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard (première diffusion le ).

Mais sa célébrité médiatique n’empêche pas les compositeurs contemporains les plus exigeants, tels Bruno MadernaRené Leibowitz et Iannis Xenakis, d’écrire pour lui. À la même époque, il crée et anime le festival de musique de Vence, qui devient le symbole d’une nouvelle manière, plus libre, de diffuser la musique classique. Il tentera d’autres expériences du même type en collaboration, notamment, avec la pianiste Martha Argerich.

Il apparaît avec Yoko Ono et le groupe The Dirty Mac, formé de John LennonEric ClaptonKeith Richards et Mitch Mitchell dans The Rock and Roll Circus, concert filmé des Rolling Stones en 1968. Il apparaît également dans L’Histoire d’Adèle H. de François Truffaut et dans Sansa, un film de Siegfried sorti en 2003, dans lequel il interprète un violoniste passionné et participe ainsi à la bande originale du film. Il est également l’interprète du concerto pour violon composé par Vladimir Cosma pour La Septième Cible de Claude Pinoteau.

En 2008, il devient parrain de l’association « inspiration(s) », dont le but est de rendre la musique classique accessible à tous.

En 2009, un documentaire écrit par Sandra Joxe et Christian Labrande, réalisé par Sandra Joxe et produit par Classifilms/ARTE/INA lui est consacré : Ivry Gitlis, le violon sans frontières, diffusé le  sur Arte.

En 2013, il parraine le concert Canto è Soffio4 donné au profit du Fonds de recherche en santé respiratoire5 et de la Fondation du souffle6.

Ivry Gitlis a eu une première fille, Raphaëlle, avec la comédienne France Lambiotte, puis trois enfants avec la comédienne Sabine Glaser dont deux (David et John) sont membres du groupe de rock français Enhancer.

L’école maternelle et élémentaire de Villiers-au-Bouin qu’il a inaugurée en personne porte son nom7.

Ivry Gitlis meurt le  à Paris à l’âge de 98 ans8.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Gitlis, L’âme et la corde, éd. Robert Laffont, 1980, p. 28.
  2.  Gitlis, op. cit.
  3.  Ivry Gitlis, Le violon sans frontières, entretiens, prod. : Classifilms, 2008.
  4.  http://www.canto-e-soffio.fr/ [archive]
  5.  http://www.recherche-respiratoire.fr [archive]
  6.  « Accueil – Fondation du Souffle » [archive], sur Fondation du Souffle (consulté le 21 septembre 2020).
  7.  « Ecole Primaire Ivry Gitlis » [archive], sur education.gouv.fr (consulté le 24 décembre 2020)
  8.  Clément Buzalka et Guillaume Decalf« Ivry Gitlis, la liberté au bout de l’archer » [archive], sur France Musique (consulté le 24 décembre 2020)

Publication et ouvrages[modifier | modifier le code]

  • L’Âme et la Corde, Ivry Gitlis, Robert Laffont, 1980 ; 2e éd. Buchet/Chastel, 2013, (ISBN 978-2-283-02514-7)
  • Entretien avec Ivry Gitlis. Nicole Coppey, Revue musicale suisse juillet/août 2008 [archive] [PDF]
  • Ivry Gitlis – L’homme du violon, Philippe Clément, 2011, (ISBN 978-2-7466-3516-6)
  • Jean-Michel Molkhou, Les grands violonistes du XXe siècle (Buchet-Chastel)
  • L’amitié entre Ivry Gitlis et Léo Ferré est évoquée dans le livre de Dominique Lacout consacré à Léo Ferré (Sévigny/Hachette, 1991)

Cinéma[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

facebooktwittergoogle_plusredditpinterestlinkedinmail

Vous pourriez aussi aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Translate »