SILVIA BANDAS

SILVIA BANDAS

 

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Pimperelle fit sa rentrée dans une nouvelle école par une belle journée d’automne.
Pimperelle, âgée de dix ans, était une petite fille très maladroite et très curieuse au point que cette curiosité lui joua souvent de mauvais tours. Sa tenue vestimentaire était un peu étrange. Pimperelle était toujours vêtue de jolies robes rouges et même ses cheveux étaient rouges. Elle ne voulait en aucun cas porter d’autres couleurs. Gare à celui qui lui offrirait comme cadeau une robe différente !
Les parents de Pimperelle voyageaient souvent à cause de leur travail. Pendant ce temps, la fillette était confiée à sa grand-mère Odette. Pour son premier jour d’école, Odette décida de conduire sa petite-fille en voiture. Elle la laissa devant la grille et attendit dans son véhicule jusqu’à ce qu’elle soit bien rentrée.
Pimperelle, toute contente de se faire de nouveaux camarades, avança à grands pas et franchit rapidement la grille de l’école pour se retrouver dans la cour de récréation. Brusquement, les enfants qui étaient en train de jouer s’arrêtèrent pour la regarder. Ils étaient tous étonnés par l’allure vestimentaire de la petite fille et sa longue chevelure rouge.
Mais tout au fond de la cour de récréation, se trouvait un petit garçon assis sur un mur, occupé à lire un livre. Ce fut le seul enfant qui ne leva pas les yeux sur Pimperelle quand elle entra dans cette cour. Ce petit garçon était tellement subjugué par la lecture de son livre qu’il ne fit pas attention à la petite fille. Pimperelle, qui l’avait vu assis tout seul, se dirigea alors vers lui.
Matias était un petit garçon de neuf ans, assez timide et fréquemment mis à l’écart par les autres enfants à cause de son apparence. Il était petit, un peu grassouillet et portait toujours de grosses lunettes. Il était souvent la risée des autres gamins de l’école.
Pimperelle avança à petits pas et sans faire de bruit. Pendant ce temps-là, les autres enfants recommencèrent à s’amuser. Les garçons jouaient au football, tandis que les filles sautaient à la corde.
Une fois à proximité du garçon, Pimperelle courut et sauta brusquement à pieds joints devant lui. Matias sursauta au point de laisser tomber son livre à terre. Pimperelle se baissa et le ramassa.
— Salut, je m’appelle Pimperelle.
Matias la regarda, mais ne répondit pas.
—Tu m’entends ? Je m’appelle Pimperelle et toi, comment t’appelles-tu ?
Le garçon, très timide, répondit d’une voix douce à Pimperelle :
— Moi, je m’appelle Matias. Peux-tu me rendre mon livre, s’il te plaît ?
La petite fille tendit sa main et rendit le livre à Matias qui le prit aussitôt et, sans attendre, l’ouvrit puis se remit à lire. Pimperelle regarda Matias et comprit immédiatement que celui-ci n’avait pas beaucoup d’amis, puisqu’il avait toujours la tête plongée dans son livre. Pimperelle comptait bien changer cela en devenant son amie.
Elle s’assit tout près de Matias, le regarda et lui demanda :
— Pourquoi lis-tu des livres de chimie ?
Matias se sentit en confiance et leva la tête de son livre. Pour la première fois, quelqu’un avait l’air de s’intéresser à lui. Il répondit à la petite fille :
— Peux-tu garder un secret ?
— Oui, répondit Pimperelle.

— Je lis des livres de chimie pour mieux comprendre.
— Mieux comprendre ! s’exclama-t-elle ! Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas.
Matias ferma son livre.
— Viens avec moi, lui répondit le petit garçon.
Ayant confiance en Pimperelle, il se leva du muret et commença à marcher vers les locaux de l’école. Sans poser la moindre question, Pimperelle se leva et suivit Matias.
La petite fille était si curieuse qu’elle était impatiente de savoir ce que mijotait Matias. Elle continua donc à le suivre sans dire un mot. Un silence se fit et l’on n’entendit que les pas de ces deux enfants sur le carrelage du couloir de l’école. Pendant ce temps, les autres enfants poursuivaient leurs jeux dans la cour de récréation.
Matias et Pimperelle marchèrent côte à côte. Le petit garçon tira une clé de sa poche et ouvrit une porte. Pimperelle fut étonnée, mais ne dit rien. Derrière la porte se trouvait un escalier qui descendait vers un sous-sol. Cet escalier était à peine illuminé, au point que l’on ne pouvait pas distinguer les dernières marches. L’obscurité régnait en bas, Pimperelle était toutefois curieuse de savoir ce que Matias allait lui faire découvrir.
— Suis-moi ! Et fais attention de ne pas tomber, déclara le petit garçon.
Pimperelle descendit les marches de l’escalier, s’agrippant à une vieille rampe en bois qui était à peine accrochée au mur. Il manquait un morceau à certaines marches. Les planches en bois de cet escalier grincèrent lorsque les enfants y posèrent les pieds.
— On dirait un vieux film d’horreur, lui dit Pimperelle d’une voix lourde et mystérieuse.
— Arrête tes bêtises et suis-moi, répondit Matias.
Les deux enfants continuèrent à descendre les marches de l’escalier.
— J’ai compté quatre-vingt-dix-neuf marches, lâcha Pimperelle, tout en souriant.
— Arrête donc tes bêtises, insista-t-il. Il n’y en a que vingt !
Et tous deux se mirent à rire. Ils continuèrent à descendre les marches, mais quelle ne fut pas la surprise de Pimperelle quand elle arriva en bas de l’escalier. Matias avait fabriqué son propre atelier de chimie. Sur le plan de travail, on pouvait distinguer des pipettes, des microscopes, des bocaux et même un congélateur à température basse…
Il y avait aussi des matériaux de recyclage destinés à la fabrication de certains objets. Pimperelle resta subjuguée.
Elle avança doucement et tendit la main vers un bocal rempli de liquide bleu.
— Ne touche pas ! cria Matias.
— Pourquoi ? dit-elle.
— Si tu touches à ce produit, tes cheveux deviendront tous bleus.
Pimperelle, aimant trop sa couleur rouge, recula en arrière de quelques pas et ne toucha pas au bocal. Elle demanda ensuite à Matias à quoi pouvait bien lui servir tout ce matériel. Matias lui expliqua que c’était son atelier personnel de chimie et que c’était ici qu’il fabriquait ses formules et ses potions magiques. Pimperelle se mit à rire aux éclats.
— Ah ! Ah ! Ah !…
— Pourquoi ris-tu ? rétorqua-t-il. Tu ne me crois pas ! Alors touche le bocal au liquide bleu, verses-en un peu sur ta main et tu verras !
Pimperelle ne croyait pas un seul mot de ce que lui expliquait Matias. Trop curieuse, elle décida donc de verser une goutte de liquide bleu sur la paume de sa main, quand tout à coup les cheveux et la robe de la petite fille devinrent bleus.
— Mais qu’as-tu fait ? demanda-t-elle.
— Je t’avais prévenue, s’exclama le petit garçon.
Fâchée, Pimperelle demanda à Matias de lui redonner sa couleur initiale. Matias lui expliqua qu’il n’y avait qu’une solution pour qu’elle redevienne comme avant.
Elle devait boire du lait de chameau.
— Boire du lait de chameau ! s’écria-t-elle. Mais où veux-tu que nous trouvions du lait de chameau ? Ne sais-tu pas qu’ici en France, il n’y a pas de chameau ? Et les chameaux n’ont pas de lait ! C’est les chamelles qui ont du lait ! dit-elle.
Matias ouvrit le réfrigérateur et lui tendit un verre de lait.
— Bois ! dit-il.
Pimperelle, sans poser la moindre question, prit le verre et le but d’une seule traite.
— Beurk, que c’est mauvais ! Mais ce n’est pas du lait ! protesta-t-elle.
— C’est normal que ça ne soit pas très bon et que cela n’ait pas le même goût que le lait de chez nous, puisque c’est du lait magique de chameau.

Pimperelle, pensant que c’était une blague, fut une nouvelle fois très fâchée et entra dans une immense colère, quand tout à coup, le lait de chameau fit effet ! La robe de Pimperelle devint à nouveau rouge.
— Ma robe ! As-tu un miroir ? s’écria-t-elle.
Matias lui montra du doigt un miroir posé sur le plan de travail. La petite fille courut et prit ce miroir dans les mains. Elle fut très surprise quand elle se regarda dans la glace ! Elle vit que ses cheveux avaient repris leur couleur initiale.
Pimperelle poussa un cri de joie et donna un bisou sur la joue de Matias. Le petit garçon rougit.
— Ah ! Ah ! Ah !… Toi aussi tu es rouge, dit-elle en ricanant.
Matias fit semblant de ne pas entendre, prit le verre et le lava à l’évier.
— Alors, dis-moi ! Qu’était-ce cette boisson bleue que tu m’as fait boire ?
Matias lui expliqua de nouveau que c’était du lait magique de chameau, mais Pimperelle n’en crut pas un seul mot et répliqua :
— Le lait c’est blanc et pas bleu ! Et du lait de chameau, il n’y en a pas en France !
Tout à coup, l’horloge accrochée sur le mur sonna les quatre coups de seize heures. Matias resta comme figé et muet. Il regarda attentivement Pimperelle. Il lui expliqua qu’il était l’heure de rentrer chez eux, mais qu’il fallait essayer de sortir discrètement de l’école sans se faire remarquer, car le temps était passé si rapidement qu’ils avaient loupé les cours de la journée.
Ils montèrent doucement l’escalier, mais en arrivant à la dernière marche, le pied de Pimperelle glissa et la petite fille cria de peur.
— Chut ! lui dit Matias. On va nous entendre.
Le professeur de chimie qui était dans la classe située juste à côté entendit le cri et courut voir ce qui se passait. Quand les enfants ouvrirent la porte qui donnait sur le couloir, ils tombèrent nez à nez avec leur professeur, mécontent de ne pas les avoir vus en cours. Il leur donna deux heures de colle et confisqua la clé de l’atelier de Matias. Le professeur lui expliqua qu’il récupérerait ses clés lorsqu’il se présentera de nouveau à son cours. Le professeur ajouta :
— Tu sais très bien qu’il est interdit d’aller dans ton atelier durant les heures de cours, que celui-ci ne peut être utilisé que durant la récréation. Il avertit ensuite Matias : Si tu ne suis pas mes consignes, je te reprendrai la clé définitivement !
Le professeur ordonna aux enfants de rentrer chez eux, car il était déjà très tard et leurs parents risquaient de s’inquiéter. Matias était fâché qu’il lui ait retiré la clé de son atelier à cause du bruit causé par Pimperelle.
Les enfants sortirent de l’école et se mirent en marche pour rentrer chez eux. Matias n’adressa pas la parole à Pimperelle durant tout le trajet. Il était en colère et comptait bien lui faire comprendre son agacement. Une fois arrivé devant chez lui, Matias entra sans dire au revoir à la petite fille et Pimperelle ne voulut pas en savoir plus. La petite fille qui habitait à quelques maisons seulement de celle de Matias continua son chemin en sifflant un petit air qu’elle aimait bien.
Le lendemain matin, la petite fille sortit de chez elle. Une fois arrivée devant la maison de Matias, elle sonna à la porte, mais le petit garçon était déjà parti à l’école sans l’attendre. Et ce fut ainsi durant plusieurs jours jusqu’au moment où Pimperelle trouva une idée pour se faire pardonner et reconquérir l’amitié de Matias.
Avant d’aller à l’école, la petite fille s’arrêta dans une librairie et acheta un livre de chimie pour l’offrir à son copain. Le choix n’avait pas été facile et Pimperelle s’était mise en retard pour aller à l’école. Elle mit le livre dans son cartable et courut le plus vite possible.
Parvenue devant l’école, elle vit que les grilles de la porte étaient fermées, un panneau y était attaché. On pouvait lire : « Aujourd’hui école fermée ». Pimperelle se souvint alors que c’était férié. Elle avait totalement oublié qu’il n’y avait pas cours ce jour-là.
Elle décida de rentrer chez elle, mais auparavant elle regarda une dernière fois vers l’école et là, elle aperçut une lumière venant des fenêtres du sous-sol. Sachant que la seule personne qui pouvait se trouver au sous-sol était Matias, elle prit la résolution de s’y rendre. Elle regarda autour d’elle et ne vit personne. Elle s’agrippa à la grille et grimpa pour passer de l’autre côté.
Une fois dans la cour de récréation, elle se mit à courir pour ne pas être vu par le surveillant qui habitait une petite maison mise à sa disposition dans un coin de cette cour.
Durant les fermetures de l’école, le gardien devait s’occuper de son entretien et assurer la surveillance. Arrivée devant la porte d’entrée, Pimperelle l’ouvrit, marcha dans le couloir et se dirigea vers le sous-sol. Sans faire de bruit, elle ouvrit la porte y donnant accès et descendit les marches délicatement.
À mi-chemin, elle vit une lumière étrange provenant de la cave. Elle continua de descendre marche par marche. Parvenue aux trois dernières, elle vit Matias debout devant une lumière étincelante de différentes couleurs.
On aurait dit un arc-en-ciel, sauf que celui-ci tournait en cercle. Pimperelle, envoûtée par la beauté de la lumière, trébucha dans l’escalier et loupa les dernières marches.
Elle fit tant de bruit que Matias se retourna et la vit rouler à grande vitesse par terre. Elle cogna Matias et tous deux tombèrent dans la lumière qui tournait en cercle.
La lumière les transporta dans un tourbillon de couleur, ils furent brusquement projetés dans un endroit étrange. Tout à coup, les deux enfants se mirent à planer dans l’espace.
— Mais où sommes-nous ? Comment suis-je arrivée ici ? lui demanda Pimperelle.
Le petit garçon fâché lui dit :
— Tu te rends compte de ce que tu as fait, Pimperelle !
La petite fille ne comprenait pas ce qui leur arrivait.
— Mais où sommes-nous ? répéta-t-elle.
Matias expliqua à Pimperelle qu’il était occupé à réaliser une expérience sur sa machine à voyager quand elle l’avait bousculé et que tous deux étaient tombés dans le tourbillon de cette machine allumée ! Ils furent projetés à cet endroit-là, car Matias n’avait pas eu le temps d’inscrire les coordonnées de voyage sur l’écran de la machine. À cause de Pimperelle, ils étaient maintenant bloqués dans l’espace temporel.
Pimperelle se mit à rire aux éclats comme si de rien n’était.
— Ah ! Ah ! Ah !… Super, je vole, dit Pimperelle.
Matias ne trouvait pas cela rigolo du tout.
— Que fais-tu ? demanda Matias.
Pimperelle était en train d’agiter ses mains comme si elle nageait.
— Regarde ! Maintenant je nage. Essaye, tu vas adorer ! ajouta-t-elle.
Mais Matias resta sans bouger et se laissa planer dans le ciel. Pimperelle s’aperçut que le petit garçon était vraiment irrité et elle arrêta ses bêtises.
— Qu’allons-nous faire ? S’inquiéta la petite fille.
Le petit garçon lui expliqua que dans l’espace temporel, il y avait toujours une sortie, qu’ils devaient simplement la trouver et que pour cela, Pimperelle devait arrêter ses sottises et l’aider.
Ils se mirent alors tous les deux à voler et agitèrent leurs bras pour avancer, comme s’ils étaient en train de nager à la piscine. Au bout d’un certain temps, ils aperçurent au loin une lumière. Ils se rapprochèrent et virent un tourbillon de couleur. Parvenus devant lui, ils se donnèrent la main et sautèrent à l’intérieur. Le vent du tourbillon les emporta tous les deux.
Après quelques tourbillonnements, ils furent expulsés dans une pièce remplie de miroirs. Il y en avait des ronds, des carrés, des rectangulaires… toutes les formes possibles.
— Mais que fait-on ici ? À quoi servent tous ces miroirs ? lui demanda-t-elle.
— Je ne sais pas ! répondit le petit garçon.
Pimperelle, curieuse, s’approcha d’un miroir.
— Ah ! Ah ! Ah ! Regarde ! lui dit-elle. Je suis ronde.
Pimperelle pouvait se regarder dans ce miroir, sauf qu’il lui donnait une apparence ronde, une image bien différente de la réalité.
— Regarde, je ressemble à une pomme, déclara-t-elle.
Matias l’imita et se dirigea vers un miroir rectangulaire puis il se regarda.
— Ah ! Ah ! Ah ! Moi je suis long et grand comme une banane.
Les enfants se mirent à rire. Ils agirent de même avec tous les autres miroirs, ils s’y regardèrent et à chaque fois ils virent des reflets différents jusqu’au moment où Pimperelle vit son vrai reflet dans un certain miroir. Elle s’aperçut qu’il n’avait pas changé d’aspect et appela Matias.
— Matias, viens voir. Ce miroir a l’air normal, dit-elle.
Le petit garçon s’approcha de Pimperelle et regarda à son tour dans le miroir.
— Tu as raison, notre reflet est le même. C’est étrange, lui répondit le petit garçon.
Les deux enfants s’examinèrent d’un peu plus près, quand tout à coup le reflet du miroir se mit à bouger et celui-ci se transforma. Ils pouvaient apercevoir une légère brume derrière laquelle se trouvait quelque chose d’indéfinissable.
— Je vois au loin un je-ne-sais-quoi. On dirait une forêt ! lui dit Matias.
— Une forêt ! s’exclama Pimperelle.
La petite fille s’approcha plus près. Elle sentit une chaleur envahir son corps. À son tour, Matias vint plus près du miroir et ressentit la même chose. D’un seul coup, les enfants furent aspirés à nouveau dans le tourbillon de couleur et, en moins de deux secondes, ils furent éjectés dans un monde un peu spécial.
Ce n’était pas une forêt comme les autres. À l’entrée de celle-ci, il y avait une pancarte où l’on pouvait lire : « Bienvenue dans la forêt enchantée ». Les enfants se regardèrent et, sans ressentir la peur, entrèrent dans la forêt.
Quelle ne fut pas leur surprise en contemplant le ciel !
Il y avait des papillons et des oiseaux qui volaient, mais ils étaient différents de ceux qu’ils connaissaient dans leur monde. Ils étaient très grands ! Certains devaient mesurer cinq mètres environ. Les enfants regardèrent autour d’eux et virent des arbres, eux aussi cinq à dix fois plus grands que leur taille normale.
Il y avait également des fleurs dont les pétales étaient étranges. Ceux-ci étaient de simples livres. Matias s’approcha d’une fleur. Aimant beaucoup la lecture, il ne put résister à l’envie d’ouvrir un livre et d’en tourner les pages afin de connaître leur contenu. Malheureusement ces pages étaient blanches. Le petit garçon trouva cela bizarre, il s’approcha donc d’un autre livre. Il voulut l’ouvrir, mais subitement Pimperelle cria.
— Oh, regarde le champignon, dit la petite fille. Il est si grand.
— Il nous servira d’abri pour la nuit, répondit Matias. Allons chercher des feuilles et des morceaux de branches, car le soleil est en train de se coucher et bientôt il fera nuit, ajouta-t-il.
Matias laissa le livre et les deux enfants partirent ensemble chercher de grandes feuilles. Finalement, ils ne ramenèrent que quelques morceaux de branches, car celles-ci, vu leur taille, étaient trop lourdes pour être portées jusqu’au champignon. Ils déposèrent les branches contre le champignon. La nuit arriva très rapidement et les enfants fatigués s’endormirent dans leur petit abri.
Le lendemain matin, à leur réveil, Pimperelle vit un cheval blanc. Celui-ci était gracieux et avait une corne torsadée de couleur jaune doré au niveau du front. — Mais ce n’est pas un cheval ! lui dit Matias. C’est une licorne.
— Une licorne ! Mais qu’est-ce qu’une licorne ? demanda la petite fille.
Le petit garçon expliqua à Pimperelle que la licorne était une créature fabuleuse, magnifique et féerique qui n’existait pas réellement, seulement dans les histoires fantastiques qu’il avait pu lire dans certains de ses livres. Il lui conseilla de faire attention, car même si celle-ci avait l’air calme, c’était un animal farouche et d’une force surnaturelle. Pimperelle n’écouta pas les conseils de Matias. Elle s’approcha de la licorne et sauta sur son dos.
— Mais que fais-tu ? répliqua Matias.
La petite fille n’eut pas le temps de répondre, la licorne se mit à galoper à toute allure et, dans son élan, projeta Pimperelle par terre.
— Aie ! Mais reviens ! dit-elle.
Et Matias se mit à ricaner. Pimperelle se releva et se mit debout sur ses deux jambes.
— Eh bien, je suis toute sale. Oh ! Ma jolie robe !
— Je te l’avais bien dit, mais tu n’écoutes jamais personne.
Tu n’en fais qu’à ta tête ! affirma-t-il.
— Mais je voulais tout simplement monter dessus ! répliqua la petite fille.
Les deux enfants continuèrent à avancer. Après une bonne heure de marche, le soleil commença à se coucher. Ils cherchèrent donc un endroit pour s’abriter, quand tout à coup, ils aperçurent une grotte. Sans réfléchir, ils y entrèrent pour passer la nuit. Là, les enfants s’installèrent par terre, quand leur ventre cria famine.

— J’ai faim, déclara Pimperelle.
— Moi, aussi, répondit Matias. Surtout ne bouge pas d’ici, je vais voir dehors si je trouve quelque chose à manger.
— D’accord, lui dit-elle.
Matias sortit de la grotte et partit à la recherche de nourriture. Après un court instant de marche, il entendit un bruit provenant de derrière lui. On aurait dit que quelqu’un marchait en écrasant les feuilles se trouvant au sol. Il s’arrêta brusquement et le bruit disparut comme par enchantement. Il n’entendait plus que le bruissement du vent.
Matias était terrifié et préféra ne pas se retourner. Il continua à marcher quand tout à coup des bruits de pas se firent de nouveau entendre. Le petit garçon prit son courage à deux mains et se retourna aussitôt. Il fut très surpris, car ce n’était que Pimperelle.
— Mais que fais-tu là ? Ne t’avais-je pas dit de rester dans la grotte ?
— Dans la grotte, pas question ! Aussitôt après ton départ, j’ai entendu des grincements. J’ai eu peur et j’ai préféré te suivre, objecta-t-elle.
— Allez, viens ! Suis-moi ! dit Matias. Je viens d’apercevoir des brindilles de bois.
— Mais que veux-tu faire avec ? lui répondit-elle.
— Eh bien, du feu pour nous réchauffer !
— Mais nous n’avons pas d’allumettes, dit la petite fille.
— Je n’ai pas besoin d’allumettes. Tais-toi et aide-moi à les ramasser.
Une fois arrivés dans la grotte, ils déposèrent les bouts de bois par terre. Pimperelle s’assit et regarda Matias s’activer. Le petit garçon prit les bouts de brindilles et les superposa en forme de triangle, puis il saisit deux pierres dans sa poche et les frotta l’une contre l’autre. Toute étonnée, Pimperelle observa Matias, mais ne fit aucun commentaire. Le petit garçon continua à frotter les pierres durant une dizaine de minutes et soudain une petite étincelle apparut.
Il frotta encore et encore les pierres l’une contre l’autre et les approcha doucement des brindilles qui étaient superposées devant lui. Il souffla doucement et ils aperçurent une petite fumée qui se transforma très vite en une belle flamme. Les enfants purent enfin se réchauffer lorsqu’à nouveau le bruit se fit entendre. Matias et Pimperelle se regardèrent.
— Tu as entendu ? dit-elle.
— Oui, ce n’est rien. Cela doit être le vent qui souffle sur les feuilles des arbres, répondit-il.
— Mais non ! Le bruit ne venait pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur de la grotte, affirma-t-elle.
Les enfants se turent et se mirent à écouter, mais ne perçurent plus aucun son.
— Tu vois, ce n’est rien ! Allons-nous coucher, c’est l’heure de dormir, rétorqua-t-il.
Les enfants se couchèrent tout près du feu, mais ils n’eurent pas le temps de fermer les yeux que le bruit réapparut.
— J’ai peur, avoua-t-elle.
Matias, terrifié, se leva du sol et prit un bâton. Il déchira un bout de son pantalon, en entoura le bout de bois, puis l’approcha du feu et le brûla pour en faire une torche. Sans montrer sa peur à Pimperelle, il commença à marcher vers le fond de la grotte.
— Mais que fais-tu ? dit-elle.
— Chut ! Ne fais aucun bruit, surtout ne bouge pas. Je vais voir d’où cela peut provenir.
Il continua à avancer doucement, quand soudain il entendit marcher au niveau du plafond de la grotte. Il approcha donc sa torche du plafond et regarda vers le haut. Quelle surprise ! Des dizaines de chauves-souris se mirent à voler dans tous les sens. Matias prit peur, il lâcha sa torche et se mit à courir le plus vite possible tout en criant :
— À l’aide, à l’aide…
Pimperelle entendit les cris de Matias et se leva rapidement.
— Mais que se passe-t-il ? demanda-t-elle.
Matias hurla alors :
— Cours, cours, cours…
Pimperelle qui n’avait pas bougé imita Matias lorsqu’elle le vit courir. Tout en courant, elle regarda derrière elle et aperçut des chauves-souris qui volaient. Les enfants avaient si peur qu’ils poursuivirent leur course et sortirent très vite de la grotte.
Au bout d’un court instant, les chauves-souris s’éloignèrent d’eux, mais les enfants étaient si terrifiés qu’ils ne le remarquèrent pas.
Ils frôlèrent les arbres et les fleurs très étranges dont les feuilles n’étaient que des pages de livres. Le vent se mit à souffler, et ces drôles de feuilles se détachèrent de la fleur et furent éparpillées dans tous les sens. Une page tomba devant les pieds de Pimperelle.
— Tu as vu Matias ? Une des pages a un dessin bizarre.
Celui-ci scintille de différentes couleurs.
— Saute dessus ! répondit-il.
Pimperelle obéit puis le petit garçon sauta aussi. Les deux enfants furent aspirés dans la page du livre.
— Mais où sommes-nous ? dit-elle.
— Je crois que nous sommes dans la page d’un livre, répondit-il.
— Quel endroit étrange ! Lança-t-elle.
Les enfants avaient été aspirés dans un monde encore plus surprenant que le précédent. C’était celui de l’histoire du livre.

Matias et Pimperelle : la Machine a Voyager
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