Huit ans après « Nightintales », China Moses est de retour avec « it’s complicated… », un septième album magistral, addictif et percutant, produit par ses soins et réalisé par lebatteur et multi-instrumentiste Troy Miller (Laura Mvula, Jamie Cullum, Gregory Porter), avec la participation d’artistes à la pointe du jazz d’aujourd’hui (Lakecia Benjamin, sax & flûte, Theo Croker, trompette & arrangements, Daru Jones, batterie). Huit nouvelles chansons accrocheuses qui révèlent une China Moses autrice et compositrice plus sincère que jamais, affrontant sans détour les épreuves de sa vie d’artiste et de femme. C’est compliqué? Peut-être, mais China s’en sort avec son disque le plus riche et éclectique en date, entre jazz, funk, rock, soul, rap et blues. Un vrai tour de force.
Mais qui est vraiment China Moses ? Lorsqu’elle arrive dans une pièce, l’ancienne présentatrice et chroniqueuse sur MCM, MTV. et Canal+, aujourd’hui animatrice radio sur TSF JAZZ et Jazz FM, a cette faculté de changer l’atmosphère, d’imprimer son sourire, son
charisme et son énergie. Américaine dans son attitude, londonienne dans sa curiosité pour l’underground multiculturel, française pour son côté chic et décalé, China Moses est une artiste aux multiples facettes. Au point de se perdre ? « J’ai commencé ce disque quand j’emménageais à Londres et je l’ai terminé lorsque je me suis installée à Brooklyn. C’est
comme si, durant tout ce temps, j’essayais de trouver une manière de rentrer à la maison », dit-elle.
Fille de la célèbre icône jazz Dee Dee Bridgewater et de l’activiste, homme de théâtre et de cinéma afro-américain Gilbert Moses, China est née à Los Angeles et a grandi en France. Elle a cette voix qui porte et un talent inné pour casser les barrières. Elle a travaillé avec Chilly Gonzales, DJ Cam, DJ Mehdi, collaboré avec Diam’s, déclaré sa flamme à Dinah Washington (« This One’s For Dinah », ses débuts de productrice en 2009) et même créé un éphémère groupe de soul-métal ! Plus qu’une chanteuse, c’est une artiste et une « entertaineuse », ce terme que l’on a bien du mal à saisir en France. Elle a surtout une connaissance très vaste et précise de la musique afro-américaine, qu’elle a mis à profit dans ce nouveau projet : « Je voulais trouver le moyen d’exprimer ce son que j’avais en tête depuis des années et c’est à Londres que j’ai pu rencontrer les bonnes personnes ».
Parmi elles, le pianiste et auteur- compositeur Oli Rockberger (Chaka Khan, Louis Cole, Laura Mvula, Jordan Rakei, Gregory Porter...)
va se montrer décisif dans l’élaboration de l’album que China finalisera aux États-Unis.
Écouter « it’s complicated… » c’est mesurer tout le chemin parcouru par China Moses. Un chemin vers l’émancipation en tant que femme et artiste / productrice indépendante que l’on devine semé d’embûches. C’est aussi l’album d’une authentique fan de musique, libre dans ses goûts et dans ses influences, ce qui par le passé a pu la desservir. Mais, dit-elle
histoire de remettre les choses au clair, « la culture avec laquelle j’ai grandie n’est pas la culture d’un seul rythme ». Voilà pourquoi China Moses a confié l’artwork de l’album à Anthony Peyton Young, un sensationnel artiste de Boston qui travaille le collage et les visages composites.
« Je suis la somme de plein de choses », dit-elle, « et je pense que c’est le cas pour tout le monde ».
De la première à la dernière mesure, son septième album est le fruit de sa sueur, de son expérience et de son savoir-faire ; l’affirmation d’une chanteuse et compositrice insatiable et enthousiaste.
C’est compliqué ? Peut-être, mais alors qu’elle pose sa voix rageuse sur un slide de guitare blues, China Moses nous l’assure : jusqu’ici tout va bien.
« it’s okay (i’m not alone)… »